Les marchés : Le CAC repasse les 7 900
La Bourse de Paris reprend des couleurs ce mardi, avec un CAC 40 en hausse de 0,75%, au-dessus des 7 900 points à la clôture. Une progression sans euphorie, mais soutenue par quelques signaux positifs sur les fronts économique et géopolitique. En tête de l’indice, Orange bondit grâce à des rumeurs, nous y revenons dans cette édition. Les investisseurs scrutent toujours la moindre information concernant la guerre commerciale, tout en saluant le geste de la Banque centrale de Chine, qui a abaissé deux de ses taux directeurs pour relancer l’activité. Pékin veut relancer la machine, et les marchés apprécient.
Côté entreprises, le marché a particulièrement surveillé Home Depot, baromètre clé de la consommation américaine. Le géant du bricolage a publié des résultats inférieurs aux attentes au premier trimestre, mais confirmé ses prévisions annuelles. Un signal de stabilité dans un environnement encore incertain. Le directeur financier du groupe a précisé que malgré les tensions tarifaires, Home Depot n’augmentera pas ses prix en réponse aux droits de douane. Une déclaration bien accueillie par les investisseurs et perçue comme un signal positif pour le consommateur américain.
En l’absence de catalyseur fort, les places européennes ont profité de l'accalmie générale pour progresser, tandis que Wall Street évolue plus prudemment après une séance perturbée par la remontée des taux d’intérêt et la dégradation de la note américaine par Moody’s. Le climat reste porté par l’optimisme autour de la trêve commerciale sino-américaine, mais aussi par un regain d’espoir sur le dossier russo-ukrainien. À Hong Kong, l’ambiance est plus électrique. L’introduction en Bourse de CATL, géant chinois des batteries, a fait sensation, tirant l’indice local en hausse de 1,5%. Un signal intéressant venu d’Asie, que l’on décrypte ce soir.
Les valeurs : Orange, Kering et Aramis
Orange
Hier soir, nous vous parlions d’Orange. L’action continue d’attirer l’attention ce mardi, à la deuxième place du CAC avec un gain de 3,83% à 13,28€, portée par des spéculations sur une possible consolidation du secteur télécoms en France. À l’origine de cet emballement, des informations de Bloomberg selon lesquelles Altice France envisagerait de céder une participation majoritaire dans SFR, pour un montant pouvant atteindre 30 milliards d’euros. Les investisseurs misent sur un retour à trois opérateurs, scénario perçu comme favorable à Orange et, dans une moindre mesure, à Bouygues, en raison de la fin potentielle de la guerre des prix.
Si un rachat total de SFR par un concurrent paraît peu probable faute de moyens financiers, le marché anticipe un démantèlement partiel. Orange pourrait récupérer des fréquences ou la marque Red, Bouygues des services aux entreprises. Toutefois, plusieurs bureaux d’analyse appellent à la prudence, rappelant que l’Union européenne n’a jamais validé le passage à trois opérateurs dans un pays membre. Altice, de son côté, affirme rester concentré sur sa restructuration financière et la relance commerciale de SFR. En Bourse, Orange gagne désormais 37% depuis le début de l’année.
Kering
Le groupe de luxe clôture en tête du CAC ce soir (+3,97% à 182,60€). Le marché salue la nomination d’un nouveau directeur artistique à la tête de Balenciaga, l’Italien Pierpaolo Piccioli. À 57 ans, et fort de 25 ans passés chez Valentino, Piccioli prendra ses fonctions le 10 juillet et dévoilera sa première collection en octobre à Paris. Cette nomination marque la fin d’une attente intense dans le monde de la mode, après le départ du précédent directeur artistique en mars, Demna Gvasalia.
Kering mise sur la maîtrise de la haute couture et la vision créative de Piccioli pour tourner la page d’une décennie marquée par les provocations, les scandales et les créations iconoclastes de son prédécesseur. Piccioli hérite d’un défi de taille : redorer l’image de Balenciaga et séduire une clientèle fidèle mais exigeante. Kering cède toujours 24% en Bourse depuis le début de l’année et 46% sur un an.
Aramis
Aramis, le spécialiste de la vente en ligne de voitures d’occasion, recule de 3,07% ce mardi à 7,90€, victime de prises de bénéfices après un bond de plus de 100% en un an. Et pourtant, ses comptes au premier semestre 2024-2025 sont nettement meilleurs. Sur la période octobre–mars, le chiffre d’affaires grimpe de 10% à 1,2 milliard d’euros, porté par les ventes de véhicules reconditionnés (+10,3%) et de voitures zéro kilomètre (+16,5%).
L’excédent brut d’exploitation a doublé à 32 millions d’euros, et le groupe renoue avec les bénéfices (6,4 millions d’euros), après une perte de 13,3 millions un an plus tôt. Des signaux positifs, mais le marché reste fébrile. Dans un environnement incertain, Aramis confirme ses objectifs. Le titre éligible au PEA-PME perd désormais 2% depuis le début de l’année.
Demain à la Une : À moins de 4% de son reccord
Avant les publications fortes de jeudi et vendredi, le calendrier de demain est plutôt léger. Au programme, l’inflation britannique, la balance commerciale japonaise et les stocks américains de pétrole brut. Des publications de second ordre donc, et surtout une question en suspens : la hausse des indices boursiers peut-elle durer faute de catalyseurs ? En tous cas, les acheteurs devraient viser les 8 000 et 8 050 points dans les prochaines séances. Pour l’anecdote, le CAC est à moins de 4% de son record historique en ce moment. Les objectifs des vendeurs sont quant à eux fixés sur les 7 925 et 7 865. À suivre !
Le monde d'après : IPO reccord à Hong Kong
Pour le moment, c’est l’introduction en Bourse la plus importante de 2025 à l’échelle mondiale. Le géant chinois des batteries CATL a fait une entrée fracassante à la Bourse de Hong Kong. Déjà coté à Shenzhen, le groupe a vu son titre bondir de 18,4% dès la première séance, valorisant l’opération à plus de 3,5 milliards d’euros. Une réussite stratégique qui confirme l’ancrage international de l’entreprise tout en consolidant le rôle de Hong Kong comme carrefour de financement chinois.
Leader mondial avec plus d’un tiers du marché des batteries pour véhicules électriques, CATL alimente les plus grands constructeurs comme Tesla, Mercedes, BMW, Volkswagen… Le groupe multiplie les projets, avec des usines en Espagne, en Hongrie et en Allemagne, pour accompagner l’explosion de la demande en Europe et répondre aux ambitions industrielles chinoises soutenues par Pékin. Malgré un climat politique tendu, marqué par une mise en cause par le Département américain de la Défense, CATL garde le cap. Son bénéfice net a bondi de 33% au premier trimestre, preuve de la solidité de son modèle.
Surtout, les autorités boursières d’Hong Kong auraient reçu des dizaines de nouvelles demandes de cotation de la part de sociétés chinoises. Cette dynamique témoigne non seulement d’un regain de confiance du secteur privé, mais aussi d’un intérêt accru pour la diversification des investissements, en particulier face à la vigueur récente du dollar de Hong Kong, perçu comme une alternative aux actifs libellés en dollars américains.
Le lexique : La Bourse de Hong Kong
La Bourse de Hong Kong (HKEX) est l’une des principales places financières d’Asie et la cinquième plus grande bourse mondiale en termes de capitalisation. Elle occupe un rôle stratégique de passerelle entre la Chine continentale et les investisseurs internationaux. De nombreuses entreprises chinoises, notamment dans la tech (comme Tencent ou Alibaba via ses spin-offs), y sont cotées.
Elle attire aussi des IPO majeures venues de toute l’Asie. HKEX se distingue par son dynamisme, sa forte liquidité et son ouverture progressive aux capitaux étrangers via des programmes comme le Stock Connect avec Shanghai et Shenzhen.
