Les marchés : 50% sur l'UE !
La séance devait être calme, avec un démarrage matinal sans grands volumes et peu d’annonces au programme. Patatras ! Trump a annoncé en début d’après-midi des droits de douane de 50% sur les produits européens, dès le 1er juin, dénonçant des "négociations très difficiles" avec l’Union. Il accuse notamment l’UE de profiter commercialement des États-Unis, ciblant également la TVA et la politique monétaire de la Banque centrale.
Les places européennes ont brutalement décroché dans les minutes qui ont suivi son annonce, jusqu’à -3,25% sur le CAC 40. L’indice français limite finalement la casse à -1,65% à la clôture, à 7 734 points. Sur la semaine, il perd 1,9%. Les valeurs du luxe et de l’automobile, fortement exposées aux marchés américains, figurent parmi les plus touchées : Essilorluxottica dévisse de 4,8%, Stellantis de 4,6%, Hermès de 2,6%. Des baisses similaires ont lieu dans toute l’Europe ce vendredi.
Outre l’UE, Trump s’en prend aussi à Apple, menaçant d'une surtaxe de 25% sur les iPhone produits hors des États-Unis. On en reparle dans la suite du Journal. Plus largement, Wall Street évolue dans le rouge dans les premières heures d’échange, lesté par la baisse de ses poids lourds technologiques et bancaires. Le S&P 500 et le Nasdaq perdent pour le moment environ 1%.
C’est désormais une habitude. Trump continue de souffler le chaud et le froid, en attendant que les négociations commerciales aboutissent. Et quand il n’a pas immédiatement gain de cause, il fait dans la surenchère.
Les valeurs : Luxe et automobile, Apple et VusionGroup
Luxe et automobile
Sale période pour les géants du luxe et de l’automobile à la Bourse de Paris. Ce vendredi, le CAC trébuche, entraîné par la dégringolade des valeurs stars de ces deux secteurs. Hermès chute de 2,6%, LVMH recule de 1,3%, Kering cède plus de 1%, tandis que Stellantis, fortement exposé au marché américain, abandonne 4,6%. Un repli brutal dans un climat alourdi par les tensions commerciales croissantes entre Washington et Bruxelles, et leur impact sur la consommation mondiale.
La publication jugée décevante de Chanel et les signaux de faiblesse de la consommation en Chine relancent les doutes sur la dynamique du luxe, jusqu’ici perçue comme intouchable. Dans le même temps, les propos offensifs de Donald Trump sur l’Union européenne viennent fragiliser les groupes les plus internationalisés. Le luxe et l’automobile, symboles de l’excellence made in Europe, se retrouvent une nouvelle fois pris dans la ligne de mire du locataire de la Maison Blanche.
Apple
Apple chute de 2,5% à 196$ pour le moment, après de nouvelles menaces tarifaires de Donald Trump. Le président a exigé que tous les iPhones vendus aux États-Unis soient produits localement, sous peine d’être taxés de 25%. Une déclaration qui vise directement Tim Cook, alors qu’Apple a justement renforcé sa production en Inde pour limiter sa dépendance à la Chine et contourner les hausses de droits de douane.
La menace de surtaxe intervient dans un contexte de négociations commerciales entre Washington et New Delhi, et remet en question la stratégie industrielle d’Apple. Produire un iPhone 100% américain coûterait des dizaines de milliards de dollars et plusieurs années d’adaptation. Malgré ses efforts pour investir aux États-Unis, Apple reste très exposé aux tensions politiques. Pour les marchés, ces déclarations constituent un risque sérieux, comme en témoigne la perte de 300 milliards de dollars de capitalisation en une seule séance le mois dernier. Depuis le début de l’année, le cours d’Apple recule de 22%.
VusionGroup
Allez, une bonne nouvelle quand même ! Ce soir, VusionGroup s’envole de 9,32% à 217€, signant la plus forte hausse du SBF 120, après l’annonce d’un partenariat stratégique avec le distributeur britannique Co-op. L’accord prévoit le déploiement des étiquettes électroniques intelligentes de VusionGroup sur les produits des 2 400 magasins de l’enseigne. Une avancée majeure qui renforce la présence européenne du champion français des solutions digitales pour la grande distribution.
Déjà bien implanté aux États-Unis avec Walmart, et en Europe centrale via Dr.Max, VusionGroup accélère sa conquête mondiale. Cap désormais sur le Royaume-Uni ! Co-op, l’un des plus grands groupes coopératifs britanniques, modernise ses magasins pour améliorer l’expérience client. Grâce aux étiquettes connectées, les prix seront actualisés en temps réel, les erreurs réduites, et la gestion des commandes facilitée.
Éligible au PEA-PME, le groupe confirme ses ambitions : 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel et une amélioration progressive de sa rentabilité. Le prochain rendez-vous avec le marché aura lieu lors des résultats semestriels attendus fin juillet. Depuis janvier, le titre gagne 21%.
Le résultat du vendredi : Nouveau record du Bitcoin
Le Bitcoin a atteint hier un nouveau sommet, à 112 000$ ! L’optimisme croissant autour d’une réglementation prochaine des cryptoactifs aux États-Unis a en effet provoqué une nouvelle hausse de la reine des cryptos. Ce nouveau record dépasse celui de 109 000$ établi en janvier, et marque une hausse de plus de 33% depuis mi-avril. Les législateurs américains seraient proches d’un accord sur un cadre réglementaire pour les stablecoins, ces monnaies numériques adossées au dollar et très utilisées dans les échanges crypto.
Le projet de loi, baptisé "Genius Act", pourrait faire passer la valeur du marché des stablecoins de 240 milliards à 2 000 milliards de dollars d’ici 2028 selon les experts. Depuis plusieurs mois, les investisseurs se tournent massivement vers les ETF adossés au bitcoin, qui ont enregistré en mai des flux entrants record de 3,6 milliards de dollars. Cette dynamique a entraîné les autres cryptomonnaies, comme l’Ethereum et le Solana.
L’envolée est également portée par le rebond des marchés actions depuis la période critique de la guerre commerciale début avril, l’intérêt institutionnel croissant et les achats d’entreprises comme MicroStrategy, principal détenteur de bitcoins coté en Bourse. Toutefois, le projet de loi suscite des réserves. La sénatrice Elizabeth Warren craint un manque de protections pour les consommateurs et un risque pour la stabilité financière. Le texte doit encore être validé par les deux chambres du Congrès avant d’être signé par Trump. Affaire à suivre !
Le lexique : Les produits structurés
Les produits structurés sont des instruments financiers qui combinent plusieurs actifs (obligations, options, dérivés) et offrent un rendement spécifique en fonction de scénarios de marché prédéfinis. Ils permettent d'ajuster le couple rendement / risque en intégrant des mécanismes de protection partielle du capital, de participation à la performance d’un sous-jacent (indice, action, taux, etc.) et des conditions de remboursement adaptées aux objectifs de l'investisseur.
