Les marchés : Regain de tension
Le mois de juin débute dans un climat de vive tension sur les marchés. À Paris, le CAC 40 recule de 0,19%, à 7 737 points, affecté par une situation géopolitique de plus en plus tendue. Marc Fiorentino vous en parlait ce matin, on assiste à une nouvelle escalade diplomatique entre Washington et Pékin. Trump a durci le ton, doublant les droits de douane sur l’acier et l’aluminium dès mercredi. Il compte également renforcer les restrictions sur les puces d’IA.
La Chine a immédiatement réagi, accusant les États-Unis de violer la trêve commerciale, tandis que Bruxelles a averti qu’en cas d’escalade, des contre-mesures européennes pourraient être appliquées dès le 14 juillet. Dans ce contexte, les investisseurs réduisent leur exposition aux actifs risqués. Quelques indicateurs économiques ont malgré tout apporté un peu de répit aujourd’hui. En France, l’indice PMI manufacturier de mai s’est légèrement redressé, signalant une contraction plus modérée de l’activité grâce à une reprise progressive de la production. Une amélioration toutefois insuffisante pour soutenir durablement les marchés.
À Wall Street, la prudence domine également en ce début de semaine. Les grands indices évoluent sans tendance claire, tiraillés entre les tensions commerciales et la hausse des prix du pétrole (on en reparle dans la suite du Journal). Plusieurs dossiers chauds agitent en ce moment la place américaine : les incertitudes douanières, les accusations de non-respect des accords signés à Genève, les expulsions d’étudiants chinois et les tensions croissantes en Asie-Pacifique. Le contexte global reste instable et les marchés financiers attendent des signaux clairs…
Les valeurs : Publicis, Stellantis, Renault et Carmat
Publicis
Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, ambitionne d’automatiser entièrement la création et la diffusion de publicités grâce à l’intelligence artificielle d’ici fin 2026, selon le Wall Street Journal. L’entreprise veut permettre aux marques de générer des campagnes (image, vidéo, texte et ciblage) à partir de simples éléments comme une photo de produit et un budget. Avec 3,43 milliards d’utilisateurs actifs, les plateformes de Meta testent déjà des outils capables de personnaliser les annonces en temps réel selon la géolocalisation ou d’autres critères.
Mark Zuckerberg parle d’un “guichet unique” où les annonceurs fixeraient des objectifs et budgets, l’IA se chargeant du reste. Cette stratégie suscite de vives réactions sur le marché : l’action de Meta progresse (+1,7%), tandis que les titres de géants publicitaires comme Publicis (-3,8%), WPP (-3%) ou Omnicom (-3,8%) reculent. Google et OpenAI lancent aussi des outils similaires mais la profession reste prudente. Les experts du secteur s’interrogent sur la sécurité et la qualité des campagnes marketing créées par l’IA. Depuis le début de l’année, Publicis perd désormais 10%.
Stellantis et Renault
Les deux constructeurs auto ressortent dans les plus fortes baisses journalières du CAC : -4,8% pour Stellantis, -3,7% pour Renault. En cause, la chute brutale du marché automobile en mai, avec une baisse de 36,1% des immatriculations de voitures particulières neuves par rapport à l’an dernier, selon La Plateforme automobile. Au total, 123 919 véhicules ont été immatriculés sur le mois. Les deux principaux constructeurs, Stellantis et Renault, représentent chacun 27,8% de parts de marché, avec un infime avantage de 59 véhicules pour Renault.
Le groupe affiche un recul global de 7% de ses ventes sur un an, atténué par la bonne performance de Dacia (+12,4%). Chez Stellantis, la baisse est de 10,1%, plombée par Fiat (-48%) et malgré une hausse chez Citroën (+2,7%). Volkswagen, troisième acteur du marché, chute de 12%, tandis que Tesla enregistre un effondrement de 67,2%, à 761 véhicules vendus en mai seulement. Depuis le début de l’année, le marché français accuse un repli de 28%, confirmant une tendance préoccupante pour l’ensemble de la filière. Stellantis et Renault perdent respectivement 33% et 7% en Bourse depuis le 1er janvier.
Carmat
Carmat retrouve des couleurs à la Bourse de Paris. La medtech française grimpe de 0,85% à 0,83€ ce lundi, soutenue par une avancée commerciale symbolique. Pour la première fois, son cœur artificiel Aeson a été implanté en dehors de l’Union européenne, en Israël. Deux interventions ont été menées la semaine du 26 mai, l’une à Jérusalem, l’autre à Ramat Gan, marquant une nouvelle étape dans le déploiement international du dispositif médical.
Ce signal positif, salué en Bourse, vient à point nommé pour une société toujours en quête d’un souffle financier durable. Le marché y voit la preuve d’un intérêt croissant du corps médical et d’un ancrage commercial qui se structure enfin. Si le titre, éligible au PEA-PME, reste en baisse d’environ 23% depuis le début de l’année, cette percée à l’international offre à Carmat une bouffée d’oxygène bienvenue. Reste à convertir ces premiers succès cliniques en volumes… et en cash.
L'agenda du lundi : BCE et rapport sur l'emplois US
Au menu de cette semaine, la guerre commerciale, encore et toujours ! Le regain de tensions entre Washington et Pékin plombe les grands indices, et le marché attend avec impatience de bonnes nouvelles dans les négociations en cours. Sur le front économique, plusieurs temps forts seront suivis de près : une salve d’indicateurs d’activité économique (PMI), une nouvelle baisse des taux de la BCE, la révision du PIB européen et le rapport mensuel sur l’emploi américain. Clairement, il va falloir de bonnes nouvelles pour motiver les investisseurs, la Bourse de Paris enchaîne les baisses quotidiennes depuis bientôt deux semaines.
Demain à la Une : Inflation à 2%
Les derniers chiffres d’inflation de la zone euro seront publiés demain à 11h. Le marché table sur une hausse des prix de 2% sur un an en mai, contre 2,2% en avril. Les investisseurs devraient en parallèle surveiller de près l’évolution du bras de fer sino-américain. D’un point de vue technique, les acheteurs vont continuer de viser les 7 800 et 7 865 points sur le CAC 40 dans les prochaines séances. Les objectifs des vendeurs sont fixés à 7 725 et 7 660. À suivre !
Le lexique : OPEP ET OPEP+
L'OPEP désigne l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, une organisation intergouvernementale regroupant 13 pays dont l'objectif principal est de coordonner et de réguler la production mondiale de pétrole afin d'en stabiliser les prix. L'OPEP+, apparue en 2016, regroupe les pays membres de l'OPEP et 10 autres pays producteurs de pétrole non-membres de l'Organisation, dont la Russie, le Kazakhstan et le Mexique. Son objectif est similaire à celui de l'OPEP, mais son champ d'action est plus large, permettant une meilleure influence sur le marché pétrolier mondial. Les leaders des deux organisations sont l’Arabie saoudite et la Russie.