Les marchés : Le marché retient son souffle
La Bourse de Paris recule légèrement ce mercredi (-0,36% à 7 656 points) tandis que Wall Street reste proche de ses records historiques (+0,5% pour le S&P 500). Malgré six jours de conflit entre Israël et l’Iran, les marchés montrent peu de nervosité. Même les propos menaçants de Donald Trump, exigeant la "reddition inconditionnelle" de l’Iran, n'ont pas provoqué de véritable onde de choc. Les investisseurs restent prudents mais n’opèrent pas de rotation majeure vers les actifs refuges à ce stade.
Le marché attend surtout les conclusions de la réunion de la Fed, qui devrait maintenir ses taux inchangés pour la quatrième fois consécutive, dans un contexte d'inflation relativement maîtrisée et de marché du travail robuste. Le pétrole baisse aujourd’hui (-2,5%), le Brent redescendant à 75$ le baril. Les opérateurs misent sur un conflit contenu sans perturbation majeure de l’approvisionnement.
Cet après-midi, le CAC a surtout été lesté par la lourde chute de Teleperformance (-13,6% à 81,86€, +4% cette année), après la présentation de son nouveau plan stratégique. Le leader mondial des centres d’appels anticipe une croissance organique annuelle de 4 à 6% d’ici 2028, avec une marge avant impôts de 15,5% malgré les coûts liés à la transformation par l’intelligence artificielle. Mais ses annonces ont déçu les marchés. Jugé défensif et peu ambitieux, le plan est critiqué par plusieurs bureaux d’analyse qui estiment que la société ne représente plus une valeur de croissance. Coup dur !
Clairement, le contexte boursier du moment n’est pas évident pour les investisseurs particuliers. D’ailleurs, on vous prépare un dossier spécial pour l’édition de ce week-end, dédié à nos solutions de crise. En attendant, les sujets de cette édition sont particulièrement variés. Au programme : le partenariat TF1-Netflix, les annonces d’Airbus, l’envol de Nintendo et une information à prendre avec des pincettes… Bonne lecture !
Les valeurs : Airbus, TF1 et Pierre & Vacances
Airbus
Lundi soir, nous vous disions que le Salon du Bourget était plutôt secondaire pour l’action Airbus. Les investisseurs attendaient surtout les informations publiées aujourd’hui, à l’occasion du point commercial du groupe. Et c’est un véritable cadeau qui a été annoncé aux actionnaires lors d’une séance marathon de près de quatre heures. Le groupe aéronautique entend se concentrer sur la création de valeur pour ses actionnaires, avec une hausse notable de sa politique de distribution, principalement sous forme de dividende. Le taux de distribution visé est désormais de 30 à 50% du résultat net, contre 30 à 40% précédemment, et pourrait inclure des dividendes exceptionnels et des rachats d’actions.
Pour les exercices 2023 et 2024, Airbus a déjà versé un dividende exceptionnel d’1€ par action. Côté rentabilité, la direction confirme viser une marge opérationnelle d’environ 7 milliards d’euros en 2025, pour 820 livraisons d’avions et un free cash flow de 4,5 milliards d’euros. À la Bourse de Paris, le titre s’adjuge ce soir 1,39% à 162,98€, porté dans une moindre mesure par l’annonce du secrétaire américain aux Transports, Sean Duffy, favorable à un retour à des droits de douane de 0% sur les produits aéronautiques civils. Un contexte porteur qui conforte la trajectoire optimiste du groupe. Le titre s’envole de 5% cette année.
TF1
Tf1 et Netflix ont signé un accord de distribution. Dès l’été 2026, les abonnés français de la plateforme américaine pourront accéder aux chaînes du groupe TF1 en direct, ainsi qu’aux contenus à la demande de TF1+. Ce partenariat, inédit en France, vise à répondre à l’évolution des usages vers le streaming et à la fragmentation croissante des audiences. Pour Netflix, ce rapprochement avec le premier diffuseur français renforce son attractivité locale.
Pour TF1, il s’agit d’amplifier la portée de ses programmes emblématiques, comme Koh-Lanta ou The Voice, en les rendant accessibles dans ce nouvel écosystème. Les deux groupes, déjà partenaires dans la production de séries, misent sur cette alliance stratégique pour fidéliser les spectateurs et attirer de nouveaux annonceurs publicitaires. Ce soir, l’action TF1 gagne 0,3% à 8,45€ (+15% en 2025). Depuis notre conseil d’achat émis fin 2024, le titre s’envole d’environ 30% (dividendes inclus).
Pierre & Vacances
Le groupe touristique Pierre et Vacances-Center Parcs annonce ce mercredi une revue stratégique de ses activités, qui pourrait mener à une évolution de son actionnariat, sans plus de précisions. Mandatant Morgan Stanley et BNP Paribas comme conseillers financiers, le groupe entend valoriser son potentiel financier après le succès anticipé de son plan de redressement « RéInvention » qui lui a permis d’éviter la faillite.
Malgré une perte nette de 117 millions d’euros au premier semestre, liée à un calendrier défavorable, la direction annonce des perspectives encourageantes, avec un rebond des réservations et un bénéfice avant impôts attendu à plus de 180 millions d’euros pour l’exercice en cours. Le titre, éligible au PEA-PME, progresse de 11,76% ce soir, à 1,58€. Depuis le 1er janvier, il gagne 5% à la Bourse de Paris.
L'événement du mercredi : Coup de pression ou logistique de guerre ?
En attendant le rendez-vous de la Fed ce soir, nous consacrons cette rubrique à l’ambiguïté volontairement entretenue cet après-midi par Trump, quant à une possible intervention américaine en Iran. Comme à son habitude, le président américain souffle le chaud et le froid. En substance : “je pourrais, ou non, ordonner” une frappe contre l’Iran.
S’il n’y a pas de “reddition sans conditions, nous ferons sauter toutes les installations nucléaires iraniennes”. Ces déclarations interviennent alors qu’Israël affirme avoir ciblé des infrastructures nucléaires lors de raids impliquant plus de 50 avions ces dernières heures. De son côté, l’Iran met en garde contre des "dommages irréparables" en cas d’intervention américaine.
Depuis hier, des mouvements d’avions de ravitaillement et de chasse américains au-dessus de la Méditerranée orientale témoignent d’un renforcement militaire conséquent des États-Unis dans la région. Pour rappel, Donald Trump a durci le ton hier, appelant à l’évacuation immédiate de Téhéran et déclarant à nouveau : "L’Iran ne peut pas se doter de l’arme nucléaire".
À ce stade, les experts militaires sont très partagés. Ces manœuvres peuvent être à visée diplomatique, pour faire monter la pression sur le régime des mollahs. Comme elles peuvent, bien sûr, préparer la logistique d’une intervention musclée. Pour notre part, nous n’avons aucune certitude, n’étant absolument pas experts militaires… Nous nous contentons de relayer, comme d’habitude, les informations qui nous paraissent pertinentes dans votre Journal, ainsi que leurs implications boursières.
Demain à la Une : À prendre avec des pincettes
Demain, Wall Street sera fermée, à l’occasion du Juneteenth, la journée de commémoration de la fin de l’esclavage. La principale actualité financière sera pourtant américaine. Nous vous en parlions ces derniers jours, Jerome Powell s’exprimera ce soir, après la clôture française. Son intervention, et les prévisions économiques de la Fed, ne pourront influencer les places européennes qu’à partir de demain matin. Il en va de même pour la réaction de Trump qui pourrait, sans grande surprise, critiquer à nouveau Powell de ne pas baisser les taux, voire remettre une nouvelle fois en cause l’indépendance de la Fed.
Guerre de l’information ou annonce concrète ? L’information suivante est à prendre avec des pincettes. Yechiel Leiter, l’ambassadeur israélien aux États-Unis, a averti que des "surprises" étaient à attendre jeudi et vendredi, dans le cadre de la guerre Israël-Iran. Invité d’une chaîne de télévision américaine, il a évoqué l’opération menée le 17 septembre dernier contre le Hezbollah au Liban, où des explosions de bipeurs et de talkies-walkies avaient causé une quarantaine de morts et près de 3 000 blessés. Selon lui, cette opération semblera "presque simple", comparée à ce qu’Israël préparerait pour cette fin de semaine.
Le monde d'après : Nintendo s'envole !
L'action Nintendo a signé un record absolu cette nuit à la Bourse de Tokyo, portée par le succès fulgurant de sa nouvelle console, la Switch 2. Le titre a bondi de 6,59% à 13 260 yens (environ 79,50€), sa plus forte hausse en deux mois. Sa performance hebdomadaire ressort désormais à plus de 12% !
Depuis son lancement le 5 juin, la Switch 2 s’est écoulée à plus de 3,5 millions d’unités, devenant la console la plus rapidement vendue de l’histoire du groupe. L’engouement a été tel que certaines précommandes ont dû être suspendues, notamment au Royaume-Uni. Nintendo vise 15 millions de consoles et 45 millions de jeux vendus d'ici mars 2026. Surtout, le groupe anticipe une hausse de 63% de ses revenus annuels grâce à ce lancement. Avec un résultat opérationnel en hausse de 13,3% et un résultat net à +7,6%.
Au-delà des performances commerciales et financières, le titre profite aussi d’un attrait sectoriel accru. Le jeu vidéo est en effet perçu comme un secteur refuge face aux incertitudes géopolitiques et commerciales. Depuis janvier, l’action Nintendo grimpe de plus de 45%, loin devant le principal indice boursier japonais, le Nikkei (-2,5%).
Le lexique : Le risque de change euro / yen
Le risque de change euro / yen désigne le risque financier lié aux fluctuations du taux de change entre l’euro (EUR) et le yen japonais (JPY). Il concerne les entreprises, investisseurs professionnels ou particuliers exposés à des transactions, investissements ou revenus libellés dans l’une ou l’autre de ces devises. Une variation défavorable du cours EUR / JPY peut entraîner des pertes lors de la conversion, affectant la valeur des actifs ou des flux financiers.
Exemple. Un investisseur français détenant des actions japonaises perd en euros si le yen baisse, même si les actions montent en yen. Se couvrir contre le risque de change permet à l’investisseur français de préserver ses gains en yen en cas de baisse du yen par rapport à l’euro. Sans couverture, la performance réelle en euros peut être fortement réduite, voire annulée.