Les marchés : -1,7% en une semaine
La Bourse de Paris perd 1,34% ce soir, à 7 553 points, à la veille des échéances techniques des « 4 sorcières » (voir lexique). L’indice français a été pénalisé par les valeurs du luxe aujourd’hui, avec des baisses marquées pour les quatre grands fleurons, on en reparle ci-dessous. Les autres places européennes suivent la même tendance. Les volumes d’échanges ont été faibles ce 19 juin, les marchés américains étant fermés pour la journée de commémoration de la fin de l’esclavage. Les deux grandes actus du moment continuent bien sûr de focaliser toute l’attention : la Fed et la guerre Israël-Iran.
Hier soir, la Banque centrale américaine a maintenu sans surprise ses taux directeurs inchangés, entre 4,25% et 4,50%. Une décision attendue, mais vivement critiquée par Donald Trump, qui accuse Jerome Powell de nuire à l'économie et réclame une baisse immédiate des taux. Le président de la Fed, pourtant nommé par Trump lui-même, a justifié cette prudence par une inflation encore instable, l’incertitude géopolitique (notamment sur les cours du pétrole…), et l’impact à venir des droits de douane. L’institution a revu à la baisse ses prévisions de croissance (1,4% en 2025) et relevé celles de l'inflation (3%) et du chômage (4,5%). Si deux baisses de taux restent théoriquement prévues cette année, les marchés doutent de leur concrétisation.
Les tensions entre Israël et l’Iran, et l’ambiguïté des intentions américaines, maintiennent une forte nervosité. Prenons un peu de hauteur : depuis le déclenchement de la guerre Israël-Iran, le CAC perd désormais 1,7%. -3,1% sur l’Euro Stoxx 50 et -0,3% sur le S&P 500 (fermé aujourd’hui).
Les valeurs : LVMH, Eutelsat et Maurel & Prom
LVMH
Lvmh chute de 2,48% (à 452,55€) en Bourse ce jeudi, entraînant dans son sillage l’ensemble du secteur français du luxe : Kering (-3,2%), Hermès (-2,4%) et L’Oréal (-1,7%). En cause, Deutsche Bank qui maintient sa recommandation à "conserver" sur le titre mais pointe une volatilité persistante et peu d’espoir de bonnes nouvelles au premier semestre. Son objectif est abaissé de 465€ à 435€. La banque allemande se dit toujours prudente, bien que le rapport risque / rendement commence à s’améliorer. Les perspectives du secteur sont globalement moroses, notamment en Chine où les dépenses des consommateurs devraient stagner dans les prochaines années. Depuis le début de l’année, LVMH perd 29% à la Bourse de Paris.
Eutelsat
Eutelsat gagne 14,52% ce jeudi à 2,84€, grâce à l’annonce d’un contrat historique avec l’armée française. D’une durée de dix ans et pouvant atteindre un milliard d’euros, ce contrat prévoit la mise à disposition prioritaire de la constellation OneWeb à l’armée. Il permettrait de doubler le carnet de commandes pour cette technologie et de couvrir ses coûts annuels. Ce contrat marque un tournant stratégique pour l’opérateur satellitaire, en quête de crédibilité depuis le rachat controversé de OneWeb.
Malgré des perspectives encore incertaines, notamment un besoin de 4 milliards d’euros pour financer la future constellation de satellites Iris², le projet améliore les chances de refinancement d’Eutelsat. L’opérateur, qui intégrera lundi prochain le SBF 120, voit son action soutenue après une année boursière aussi explosive qu’instable, marquée par la géopolitique et les spéculations autour de Starlink. Le titre s’envole de 24% depuis le début de l’année.
Maurel & Prom
Le pétrole poursuit sa hausse aujourd’hui (+3,5% sur le Brent) et continue de stimuler la hausse des valeurs pétrolières, dont Total qui signe ce soir une nouvelle fois la meilleure performance du CAC : +2,14% à 54,90€. Dans le secteur, l’opérateur pétrolier Maurel & Prom annonce aujourd’hui l’acquisition de nouvelles participations dans des blocs d’or noir en Angola, pour 23 millions de dollars, avec un complément potentiel de 11 millions en fonction de critères de performance. À l’issue de l’opération, Maurel & Prom détiendra 25% du bloc ainsi ciblé, étendant sa présence en Afrique de l’Ouest. Éligible au PEA-PME, le titre signe l’une des rares performances notables ce jeudi à Paris (+2,15% à 5,23€) et limite désormais ses pertes annuelles à -8%.
Demain à la Une : Réouverture de Wall Street
Aucune publication majeure n’est attendue demain, laissant le champ libre aux dernières actualités géopolitiques et à leurs conséquences boursières. Seul événement prévisible, le retour des investisseurs américains sur le marché augmentera sensiblement les volumes d’échange par rapport à ce jeudi. En cas de poursuite de la baisse actuelle, le seuil symbolique des 7 500 points sera déterminant à court terme pour le CAC 40. Le principal objectif des acheteurs est fixé sur les 7 675 points. À suivre !
Le monde d'après : Vers un divorce stratégique ?
Selon le Financial Times, Microsoft menace de rompre les négociations avec OpenAI sur leur alliance stratégique. Microsoft pourrait en effet se retirer des négociations en cours avec le développeur de Chat GPT, alors que la start-up d’intelligence artificielle cherche à finaliser sa transformation en entreprise à but lucratif.
Aujourd’hui, OpenAI possède une structure hybride. Elle est contrôlée par une organisation à but non lucratif, OpenAI Nonprofit, mais ses activités commerciales sont menées par une entité à but lucratif plafonné, OpenAI LP. Cette dernière permet de lever des fonds tout en limitant les gains des investisseurs, afin de rester fidèle à la mission fondatrice : “développer une intelligence artificielle bénéfique pour l’humanité”. Ce montage vise à concilier éthique et financement, mais il suscite aujourd’hui de fortes tensions avec Microsoft.
Les deux partenaires, liés par un contrat de plusieurs milliards de dollars, peinent à s’accorder sur des points clés, notamment la future part de Microsoft dans OpenAI, qui oscille selon les échanges entre des bornes très éloignées : de 20% à 49%... Le géant du logiciel, qui a déjà investi plus de 13 milliards de dollars dans OpenAI, envisage de s’appuyer sur l’accord existant, valable jusqu’en 2030, en cas d’échec des négociations.
Des négociations particulièrement tendues, notamment sur l’accès exclusif aux technologies d’OpenAI, les revenus générés via la plateforme de cloud de Microsoft (Azure), et la propriété intellectuelle. OpenAI, valorisée à 300 milliards de dollars, a besoin de cet accord pour finaliser son changement de statut et débloquer des financements supplémentaires, notamment de SoftBank. En parallèle, Microsoft multiplie les signaux d’indépendance, intégrant par exemple le modèle du concurrent Grok de xAI (Elon Musk) à son offre cloud.
Malgré ces tensions, les deux groupes assurent poursuivre les négociations "de bonne foi" et restent optimistes quant à l’avenir de leur collaboration.
Le lexique : La séance des 4 sorcières
Les « 4 sorcières » désignent une séance boursière particulière qui a lieu chaque trimestre, le troisième vendredi des mois de mars, juin, septembre et décembre. Ce jour-là expirent simultanément plusieurs types de contrats dérivés : options et contrats à terme sur indices et actions. Cette échéance simultanée provoque souvent un regain de volatilité sur les marchés.