Les marchés : Poursuite du rallye ?
Le CAC 40 a joué avec le seuil des 8 000 points ce mercredi, avant de céder du terrain en fin de séance. L’indice parisien termine en léger recul de 0,08% à 7 973 points, dans le sillage de Wall Street où les valeurs technologiques ont marqué le pas. Legrand et Schneider Electric, exposés à la thématique des data centers et donc indirectement à l’IA, perdent -2,3% et -3,4%.
Aux États-Unis, la pression a été plus nette sur les locomotives de l’intelligence artificielle. Palantir (-6%) et Nvidia (-2%) subissent des prises de bénéfices, les investisseurs doutant de la capacité du secteur à prolonger un rallye qui repose de plus en plus sur des valorisations jugées excessives. Une question domine : l’IA est-elle une bulle spéculative ou une véritable révolution industrielle ? On en parle dans la suite du journal.
En toile de fond, l’incertitude grandit à l’approche du symposium de Jackson Hole. Les opérateurs attendent avec fébrilité le discours de Jerome Powell vendredi, qui pourrait donner le ton sur la trajectoire des taux. La nervosité du Nasdaq (-1,5% hier) rappelle à quel point la tech reste hypersensible à chaque mot de la Fed. Les marchés sont donc suspendus à ce rendez-vous !
Les valeurs : Danone, Kering et Carmat
Danone
Danone mène la danse ce mercredi. Le titre progresse de 3,16% à 74,52€, dans le sillage d’une séquence de résultats semestriels jugés solides par le marché, avec des ventes en hausse de 4,2% et un bénéfice par action en progression de 5,8% à 1,91€. Les résultats n’ont pas été dévoilés cette semaine mais continuent d’attirer l’attention des investisseurs qui s’orientent en cette période d’incertitude vers les actions défensives, d’autant que Danone figure parmi les meilleures performances du CAC 40 depuis le début de l’année (+14%).
Le marché retient également des signaux de solidité financière, entre discipline sur les coûts et trajectoire de désendettement engagée depuis 2024, qui confortent la crédibilité du plan de transformation et la capacité du groupe à défendre ses marges, malgré un environnement moins porteur. Dans un contexte boursier hésitant, ce cocktail de volumes en reprise, de rentabilité en amélioration et de bilan mieux armé place Danone parmi les valeurs les plus recherchées. Retrouvez ici notre objectif de long terme sur le titre, présent dans notre portefeuille défensif.
Kering
Kering sort également du lot aujourd’hui, en hausse de 2,38% à 221,65€. Le géant du luxe attire l’attention, porté par un regain d’intérêt pour le segment haut de gamme. Sa hausse est soutenue par les espoirs de relance de la consommation en Chine et par les négociations de paix en Ukraine.
Les grandes maisons de luxe bénéficient ainsi d’un retour (temporaire ?) de confiance. Parallèlement, les attentes sur les prochains résultats financiers du secteur viennent renforcer l’intérêt autour de Kering. Après une perte de 7% cette année et de 60% sur trois ans, les dynamiques sectorielles redeviennent un peu plus favorables pour le titre avec un possible rebond à la clé. Affaire à suivre !
Carmat
Le fabricant français de cœurs artificiels, en grande difficulté financière, a vu son action suspendue mais a annoncé qu’elle reprendrait sa cotation dès demain matin. Cette décision intervient après le dépôt d’une offre de reprise par Pierre Bastid, président du conseil d’administration et actionnaire de référence, via sa société Hougou. Son offre a été présentée devant le tribunal de Versailles le 19 août, qui a accordé un délai supplémentaire au repreneur afin de finaliser son projet. Une nouvelle audience est prévue le 30 septembre prochain.
En attendant, Pierre Bastid a versé 1,3 million d’euros à Carmat pour lui permettre de tenir jusque-là, une somme non remboursable même si l’opération échoue. La société reste néanmoins très claire : rien ne garantit que l’offre aboutisse. Si elle est retenue, les activités seront reprises dans une nouvelle structure mais Carmat disparaîtra en tant qu’entité cotée. Dans tous les cas, les actionnaires risquent de perdre la totalité de leur investissement, tandis que les créanciers pourraient également subir de lourdes pertes. Le titre éligible au PEA-PME abandonne 56% depuis janvier et près de 80% sur un an.
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Sur la même page, vous pouvez également retrouver des questions posées par d’autres membres de la communauté, comme : Comment investir sur les valeurs technologiques chinoises ? Comment investir sur les petites et moyennes actions ? Quels ETFs privilégier sur le CAC 40, le MSCI World, le Nasdaq et le S&P 500 ? À vous de jouer !
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L'événement du mercredi : La diplomatie s'active
Cet après-midi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a assuré que Moscou était prêt à discuter des volets politiques d’un éventuel accord de paix avec Kiev. Dans le même temps, les chefs d’état-major de l’OTAN doivent se réunir en visioconférence aujourd’hui pour examiner les garanties de sécurité à offrir à l’Ukraine en cas de percée des négociations.
Le lieu d’un possible sommet reste à définir. La Suisse et l’Autriche se disent prêtes à accueillir Poutine pour une rencontre avec Trump et Zelensky, malgré le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale visant le président russe. Berne invoque la possibilité d’accorder une immunité spéciale pour les conférences de paix, tandis que Vienne met en avant sa longue tradition de médiation diplomatique.
Mais le Kremlin pourrait traîner les pieds : la Russie reproche à la Suisse d’avoir repris et appliqué les sanctions européennes. Quant à l’Autriche, autrefois considérée comme un pont entre l’Est et l’Ouest, ses relations avec Moscou se sont elles aussi nettement refroidies depuis le début de la guerre.
Les derniers pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens remontent à 2022, à Istanbul. Une époque déjà lointaine, tant le dialogue reste aujourd’hui suspendu aux conditions imposées par chaque camp. Dans cette dernière ligne droite estivale, ces négociations accaparent l’essentiel de l’attention des investisseurs. La semaine prochaine, ils devraient toutefois s’en détourner un peu à l’occasion de la publication des résultats semestriels du mastodonte Nvidia, prévus mercredi après la clôture.
Le monde d'après : Bulle de l'IA ?
Sam Altman, patron d’OpenAI (Chat GPT), a surpris les marchés en évoquant la formation d’une bulle autour de l’intelligence artificielle. Selon lui, les investisseurs seraient « surexcités », comme lors des précédentes bulles technologiques. Si les signaux de surchauffe existent, beaucoup de gérants et de bureaux d’analyse jugent prématuré de parler de bulle. La BCE avait déjà relevé fin 2023 les risques liés à la forte concentration des marchés sur quelques valeurs IA. Certains économistes, comme ceux d’Apollo Global Management, vont plus loin et estiment que l’IA représente aujourd’hui une bulle bien plus grosse que celle d’internet dans les années 1990.
Pourtant, les chiffres des géants de la tech tempèrent cette idée. Nvidia, par exemple, affiche une croissance fulgurante de ses revenus (+114%) et de son bénéfice (+145%). Microsoft et Meta continuent d’investir des dizaines de milliards dans l’IA, tout en améliorant leurs marges grâce à la monétisation des nouvelles applications. Contrairement aux entreprises de la bulle internet, les leaders d’aujourd’hui sont extrêmement rentables. Les investisseurs institutionnels restent donc partagés. Dans la dernière enquête de Bank of America, une courte majorité estime que nous ne sommes pas encore dans une bulle. La volatilité actuelle reflète davantage des phases de consolidation que les excès d’une bulle classique.
Les dépenses d’investissement atteignent cependant des niveaux historiques : UBS prévoit 500 milliards de dollars de capex (voir lexique) dans l’IA d’ici 2026. Pour certains, cela pourrait nourrir une surcapacité, comme dans l’énergie ou le transport par le passé. Pour d’autres, c’est le socle d’un nouveau cycle de productivité mondiale. Les marchés restent par ailleurs sensibles aux annonces concurrentielles, comme celles de la start-up chinoise DeepSeek. Mais elles ne parviennent pas encore à réellement menacer les valeurs américaines. Le mouvement haussier paraît donc ancré dans des fondamentaux solides. En somme, l’IA n’est peut-être pas une bulle, mais une révolution qui se construit avec ses excès et ses corrections. Pour l’investisseur, ignorer cette tendance de fond paraît risqué.
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Demain à la Une : Flash d'août
De nouveaux indices PMI d’activité économique seront publiés demain. Ce sont des “flash”, autrement dit des résultats préliminaires pour le mois en cours. Aux États-Unis, on attend également les inscriptions hebdomadaires au chômage et des indicateurs immobiliers. Ces publications interviendront avant le symposium de Jackson Hole dont nous vous parlions hier. Le discours de Jerome Powell pourrait affiner les anticipations de baisse de taux.
Côté entreprises, la séance sera animée par les résultats du géant américain de la grande distribution, Walmart. Dans ce décor, la prudence devrait rester de mise, les places européennes et américaines se préparent à une fin de semaine rythmée par le discours de Powell, avant les résultats de Nvidia la semaine prochaine et de nouvelles actus sur les négociations entre la Russie et l’Ukraine.
Le lexique : CAPEX
Le CAPEX (pour Capital Expenditure, ou dépenses d’investissement en capital) correspond aux sommes qu’une entreprise engage pour acquérir, créer ou moderniser des actifs durables. Il s’agit par exemple de l’achat de terrains, de bâtiments, de machines, de véhicules, de logiciels ou encore d’infrastructures nécessaires au fonctionnement et au développement de ses activités. Le CAPEX reflète la stratégie d’investissement à long terme d’une entreprise et constitue un indicateur clé de sa volonté de croissance et de pérennité.
Contrairement aux dépenses de fonctionnement (OPEX), qui couvrent les charges courantes et récurrentes (salaires, loyers, fournitures…), le CAPEX vise à accroître la capacité de production, améliorer l’efficacité ou prolonger la durée de vie des équipements. Sur le plan comptable, les CAPEX ne sont pas enregistrés immédiatement en charges dans le compte de résultat : ils sont inscrits à l’actif du bilan et font l’objet d’un amortissement sur plusieurs années.