La pression des Européens grandit sur l’Espagne pour qu’elle demande officiellement une aide financière. Une demande officielle pour soutenir son système bancaire qui pourrait intervenir dès ce week end selon Reuters, qui cite des sources européennes et un responsable allemand l’Espagne alors que les ministres des Finances de la zone euro se réuniront demain après-midi en téléconférence.
Car la pression des marchés et de l’Europe s’intensifie sur le pays dont la note souveraine vient d’être dégradé de trois crans, une note qui passe de A à "BBB", et assortie d’une perspective négative. Fitch explique sa décision en évoquant le coût budgétaire de la restructuration et de la recapitalisation du secteur bancaire espagnol qui devrait s’élever entre 60 milliards d'euros (6% du PIB) et 100 milliards (9% du PIB).
De son côté, l'agence Standard & Poor's estime que les banques ibériques devraient essuyer entre 80 et 112 milliards d'euros des pertes sur crédits d'ici à 2013. Quant au Fonds monétaire international (FMI), qui doit publier lundi prochain un rapport sur le sujet, l’institution tablerait sur un besoin en capitaux propres de 40 milliards d'euros au minimum.
Pour résumer, les besoins estimés des banques espagnoles vont du simple au double, ce qui montre à quel point il est difficile d’évaluer l’exposition des banques au secteur immobilier et les risques qu’ils comportent. Si les banques doivent également contribuer à l’effort en augmentant leurs provisions, et en renforçant leur fonds propres, le secteur bancaire aura également besoin de capitaux supplémentaires.
Madrid plaide pour une recapitalisation de son secteur via le MES, le mécanisme européen de stabilité financière mais l’Allemagne et la BCE s’y opposent. Selon Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), qui a appelé l’Espagne a demandé une aide au plus vite, « le MES ne peut pas, à ce stade, aider directement les banques car les traités ne le permettent pas. Selon lui, « l'allocation des fonds nécessaires à la recapitalisation des banques espagnoles doit faire partie d'un plan plus vaste pour le pays ». Mais c ’est à Madrid de définir les détails de l'éventuelle aide
Le gouvernement espagnol a fait savoir qu’il ne comptait pas demander d'aide financière pour le secteur bancaire avant d'avoir les résultats de l'audit du Fonds monétaire international (FMI) et des auditeurs externes sur les besoins en capitaux.
En attendant, le Trésor espagnol se refinance toujours à des coûts prohibitifs. Hier, Madrid a emprunté 2,074 milliards d'euros à plus de 6% pour les obligations à dix ans, contre 5,743% lors de la dernière émission. Le CDS espagnol bondissait de 12 points de base à 584points, entrainant à la hausse le CDS italien qui s’inscrivait à 543 points. Signe que la pression sur l’Espagne ne se relâchait pas, le rendement obligataire espagnol se tendait de 11 points de base, pour s’établir à 6,14%.