Mercredi 04 juillet

C'est passé pratiquement inaperçu avec le sommet européen, mais le prix des matières premières agricoles a fortement rebondi au cours du mois de juin. Le maïs est ainsi passé de 5,50$ le boisseau à 7,10$, soit une progression de 30% en un mois. Idem pour le blé qui affiche un gain de 25%. Le constat est d'ailleurs le même pour toutes les matières premières agricoles. Que ce soit le soja (+23%), le cacao (20%) le sucre (+13%) ou encore le café (+19%), toutes les commodities ont fortement progressé en juin après un passage à vide depuis le début de l'année.

Un rattrapage spectaculaire des cours, après une forte baisse des prix depuis le début de l'année. Le ralentissement économique mondial, l'essoufflement de la demande chinoise, la crise souveraine en Europe, sont autant d'éléments ayant pesé significativement sur le prix des matières premières depuis le 1 er janvier.

Alors comment expliquer ce brusque retournement du marché ? En premier lieu, les conditions météorologiques et notamment la sécheresse qui frappent les Etats-Unis et la Russie.

La Russie, troisième plus gros exportateur de blé au monde, prévoit ainsi de récolter environ 85 millions de tonnes de céréales en 2012, un niveau 30% inférieur au volume de 2011.

En cause, la sécheresse dans le sud du pays, et les températures élevées qui sévissent ce qui maintient de manière quasi mécanique les prix des céréales à des niveaux élevés. Le ministre de l'agriculture russe a d'ailleurs souligné que neuf régions souffraient actuellement de la sécheresse. Pourtant la Russie se veut rassurante. La question de mettre en place un embargo sur les exportations, comme ce fut le cas lors de l'été 2010, n'est pas à l'ordre du jour. Une décision unilatérale destinée initialement à contenir le prix du blé dans le pays mais qui a eu à l'époque l'effet inverse en provoquant une flambée des cours mondiaux du blé. De l'autre côté de l'Atlantique, la chaleur et la sécheresse sont au rendez vous, entrainant un stress hydraulique et une baisse de la qualité des céréales.

Les Etats-Unis, premiers producteurs mondiaux de soja et de maïs, et par ailleurs, premiers exportateurs de blé au monde, sont confrontés à des températures qui atteignent des sommets, particulièrement dans les Etats du sud. « L'Indiana et le Kansas sont particulièrement affectés avec des températures proches des 40 degrés. La situation semble moins préoccupante à ce jour sur le nord de la "corn belt", bien que l'on ait enregistré également hier des températures supérieures à 35 degrés sur Chicago. Il va devenir crucial d'avoir des pluies significatives d'ici la fin de semaine prochaine", s'inquiétait fin juin le courtier en grains Agritel.

De plus, les stocks de céréales s'inscrivent en repli, avec un recul de 14% des stocks de maïs aux Etats-Unis, par rapport à la récolte déjà médiocre de 2011.

Dans le même temps, les stocks de blé sont également en repli de 14 % (à 743 millions de boisseaux. En revanche, les réserves de soja progressent de 8 % à 667 millions.

Alors que les stocks de céréales s'amenuisent et que les récoltes à venir ne seront pas remarquables tant du point de vue des volumes que de la qualité, les pays importateurs sont tentés d'effectuer des achats de couverture sur la scène internationale afin de garantir l'approvisionnement de leur demande intérieure, ce qui alimente la tension entre l'offre et la demande.

C'est ainsi que Rouen, premier port céréalier européen, a annoncé un trafic agroalimentaire de quelque 70 000 tonnes de céréales entre le 21 et 27 juin dernier. Et sur les 36 000 tonnes de blé qui ont été exportés, 26 000 tonnes étaient acheminées vers l'Algérie. Une mesure de précaution mais qui témoigne de la crainte des pays importateurs pour leur approvisionnement alimentaire.

Reste un élément à prendre en compte, et qui pourrait en revanche tirer les prix à la baisse. Il s'agit des superficies dédiées à la production de céréales. Et celles-ci sont en nette hausse. La météo très clémente en ce début de printemps a en effet permis dans un premier temps d'accélérer les plantations. En effet 37 % du blé de la saison a déjà été semé, contre 9 % en moyenne à cette période de l'année.

Aux Etats-Unis, les surfaces plantées en maïs devraient atteindre un niveau record depuis 1937, ce qui pourrait augmenter la récolte de 6 % par rapport à l'an passé, et ce malgré la sécheresse actuelle. Si les surfaces en blé et en soja ont nettement progressé aux Etats-Unis, il n'est pas certain que cette hausse de la production américaine soit suffisante pour contrebalancer les mauvaises récoltes brésilienne et argentine, qui représentent la moitié de la production mondiale.

Si la sécheresse devait continuer aux Etats-Unis, l'offre mondiale sera sous pression, un contexte propice à l'ascension du prix des matières premières agricoles. Le soja affiche d'ailleurs une progression de 23% depuis le début de l'année alors que le blé s'adjuge 10% et le maïs 7%.

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