Bolloré se désengage d’Aegis. Le groupe français diversifié, présent notamment dans la communication et les médias a en effet annoncé jeudi la vente de sa participation de 26,4% dans le groupe publicitaire britannique au japonais Dentsu pour un total de 915 millions d'euros environ. Cette cession s’inscrit dans le cadre de l’offre d'achat amicale du nippon sur son homologue britannique pour 3,16 milliards de livres sterling.
Dentsu rafle la mise
C’est finalement Dentsu qui s’offre Aegis alors que le britannique avait pendant longtemps été considéré comme une cible potentielle pour le groupe publicitaire français Havas dont Vincent Bolloré est le principal actionnaire. Pour le Japonais, cette opération est motivée par la recherche d’un nouveau relais de croissance en dehors de l’archipel, dont le marché publicitaire est à la peine: le chiffre d'affaires global de la publicité a reculé de 2,3% en 2011, sa quatrième année de contraction.
Une participation qui n’est plus stratégique
Le groupe Bolloré a jugé que la participation dans Aegis n'était plus stratégique et a annoncé l'avoir comptabilisée en juillet 2010 en simple participation financière, précise le groupe dans son communiqué. L’opération, en numéraire, se fera ainsi au prix de 240 pence, matérialisant une prime de 48% par rapport au cours de clôture d'Aegis mercredi, qui était de 162,2 pence.
La transaction passe dans un premier temps par la cession à Dentsu, jeudi, de 175,9 millions d'actions représentant 14,99% du capital d'Aegis pour environ 535 millions d'euros. Bolloré prévoit de vendre ensuite 5% supplémentaires au japonais dans les deux prochains mois, sous réserve de l'accord des autorités de régulation, puis d'apporter le solde de sa participation, soit 6,4%, à l'offre lancée par Dentsu. Cette cession devrait se traduire par une plus-value comptable de l'ordre de 450 millions d'euros pour le groupe français.
C'est en 2005 et 2006 que Bolloré, étant devenu l'actionnaire de référence d'Havas, avait pris concomitamment une importante position financière dans Aegis. Dopé par cette annonce, le titre Aegis s’est rapidement envolé de plus de 45% à la Bourse de Londres à 236 pence, et ainsi caler sur le prix de l’offre de Dentsu. Selon des analystes de la place, le prix offert représente 20 fois le bénéfice par action attendu pour cette année, alors que les grands noms européens du secteur, comme Publicis ou WPP ne sont valorisés que 10 à 11 fois leurs profits.
Un titre au zénith
Sur le plan boursier, en dépit d’un trou d’air (-25%) l’été dernier sur fond de débâcle sur le marché parisien, le titre s’est depuis stabilisé entre un range compris entre 150 et 160 euros. Mais le titre a retrouvé un nouveau souffle depuis le mois de juin et s’adjuge sur un mois plus de 14% sur les 180 euros. Le dossier dépasse ainsi allégrement ses plus hauts de juin 2007 et de juin 2011. Une résilience qui traduit la confiance des investisseurs dans le business model du groupe diversifié. Fondamentalement, le ratio « valeur entreprise sur chiffre d’affaires » reste sur des bases attractives à 0,66x. La société reste encore légèrement sous valorisée par rapport à pairs en termes de profits. Bolloré se paie en effet 20,7x ses bénéfices prévus pour 2013 pour un secteur qui se paye 21,11x. Une valeur typique de « fond de portefeuille » alors que le consensus de Thomson Reuters table sur un objectif de cours moyen terme à 202 euros, soit un potentiel de 11,6% environ...