Facebook, ou chronique d'une entrée en Bourse complètement ratée. Introduit à un cours de 38 dollars au mois de mai, le réseau social a vu sa valorisation fondre comme neige au soleil. De la moitié exactement. Sous les 20 dollars en clôture de la séance du 16 août, ce sont bien 40 milliards de dollars qui sont partis en fumée... Et le cours de l'une des plus grosses entrées en Bourse de l'Histoire pourrait continuer à être sous pression. Ce jeudi 16 août marque en effet la fin de la période du « lock-up », une disposition qui empêchait les premiers investisseurs de vendre leurs actions immédiatement après l'introduction en Bourse...Ce sont 271 millions d'actions qui seront potentiellement déversés à Wall Street, pour une valeur totale de 5,75 milliards de dollars. Un montant qui correspond peu ou prou à la moitié du flottant actuel.
Plusieurs spécialistes n'avaient aucunement occulté leurs doutes concernant la performance de la jeune entreprise californienne et ce, bien avant l'entrée en Bourse du groupe fondé par Mark Zuckerberg. Sur les 12 mois achevés au 31 mars dernier, le réseau social avait fait état d'un bénéfice de 972 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 4 milliards de dollars. Sur cette base, la société californienne était près de 100 fois ses bénéfices, 40 fois ceux qui sont espérés pour 2013 et 25 fois son chiffre d'affaires annuel. Des ratios qui donnent le tournis pour près de 80 % des gérants sondés par l'agence 'Bloomberg' quelques jours avant l'introduction en Bourse du réseau social. A titre de comparaison, les valeurs cotées sur le Nasdaq, où s'échangeront les actions Facebook ont une valorisation représentant moins de 20 fois leur bénéfice, dont 18,5 fois pour Google, l'autre géant du secteur. Des ratios certes élevés mais qui éta ient la pure illustration des nombreux espoirs que fondent les opérateurs sur le futur de la jeune pousse Internet. Quitte à ceux qu'ils soient en total décalage avec ses fondamentaux...
D'autant plus que quelques jours avant l'introduction en Bourse du réseau social, General Motors, autre entrée en Bourse la plus importante de la Bourse américaine, tournait le dos à son ami Facebook. Le constructeur automobile américain a fait savoir qu'il n'achèterait plus d'espaces publicitaires sur le réseau social, estimant que ces annonces n'avaient que « peu d'impact sur les consommateurs ». Une nouvelle qui avait concrètement mis en lumière, les questions que se posent bon nombre d'annonceurs sur l'efficacité de ce média. Les derniers résultats financiers ont fait état d'un ralentissement de la croissance des recettes publicitaires, de coûts en hausse, et d'une médiocre monétisation de l'internet mobile, par lequel transite une part croissante du trafic du site.
Zynga, l'éditeur américain de jeux sociaux pourrait lui aussi voir son cours de bourse être malmené dans le sillage de son très bon ami Facebook. Le cours du titre du créateur de Farmville, s'est effondré pour passer sous la barre des 3 dollars en début de semaine. On est très loin des 10 dollars de son introduction en Bourse en décembre. Les résultats récemment publiés par le groupe ont été en effet bien en deçà des attentes des investisseurs avec une perte nette surprise de près de 23 millions de dollars et un chiffre d'affaires moins élevé qu'espéré à 332,5 millions de dollars, contre 344,1 millions attendus. L'éditeur a également fortement revu à la baisse ses ambitions pour l'année. Zynga table désormais sur un bénéfice net par action compris entre 0,04 à 0,09 dollar, alors qu'une précédente prévision annonçait une fourchette comprise entre 0,23 à 0,29 dollar. C'est que les jeux phares de Zynga rencontrent effectivement beaucoup moins de succès qu'auparavant. Le célébrissime Farmville, qui est la source de près de 30% des revenus de la société, n'attire plus que 18 millions d'utilisateurs mensuels, contre 80 millions en 2010. Déjà l'introduction de l'entreprise fondée en janvier 2007 par Mark Pincus n'avait pas déchaîné les foules, la première cotation avait flirté autour de son prix d'introduction. Depuis fin juillet, le titre Zynga a perdu plus de 40% de sa valeur et 67% depuis le premier janvier.
Si le parcours boursier de Zynga a très nettement déçu les investisseurs, celui de Groupon remporte tous les suffrages du « gros flop » des introductions récentes.
Le groupe fondé en novembre 2007 par Andrew Mason a fait son entrée en Bourse début novembre 2011 à 20 dollars l'action. Le site d'achats groupés espérait ainsi rencontrer le même succès que celui de LinkedIn. Les premiers pas en Bourse du réseau social américain n'étaient pas passés inaperçus. Bien au contraire, sa valeur avait plus que doublé sur sa première séance de cotation sur le New York Stock Exchange: introduite en haut de fourchette à 45 dollars, l'action LinkedIn avait clôturé au-dessus des 100 dollars à 103 dollars après avoir même touché un pic de 123 dollars sur la séance. Mais pour Groupon, la success-story ne s'est pas déroulée comme prévu... Pire, Groupon a perdu 70% de sa valeur soit 9 milliards de dollars brulés en moins d'une année... Rien que sur la séance du mardi 14 août, l'action a chuté de 27% alors que le groupe a annoncé la première baisse de ses ventes de son histoire... Sur le trimestre, le spécialiste des a chats groupés a publié un chiffre d'affaires en repli à 1,29 milliard de dollars après 1,35 milliard réalisé le trimestre précèdent. Mais Groupn leader des coupons de réduction en ligne, a pourtant dégagé un bénéfice net de 28 millions de dollars soit 4 cents par action, contre une perte de 107 millions d'euros un an auparavant. Insuffisant pour des opérateurs qui s'inquiètent de la pérennité du modèle de Groupon. Les achats groupés ne remportent plus l'adhésion des consommateurs. Et pourtant, en 2008, Google était très intéressé par le tout nouveau venu sur la Toile et avait même proposé de le racheter pour 6 milliards de dollars. Groupon a décliné les avances du célèbre moteur de recherche, préférant se frotter au Marché... Au vu du cauchemar boursier que connait le site d'achats groupés, ce dernier aurait dû réfléchir à deux fois avant de se lancer en Bourse...