Alors que le taux de créances douteuses des banques espagnoles, vient de pulvériser son record historique en juin, le rendement obligataire à 10 ans espagnol poursuivait sa détente, revenant à 6,39% contre 6,5% la veille alors que l’Ibex 35, l’indice espagnol évoluait en nette hausse de 2,1% à la mi journée après avoir bondit de 4% la veille.
L’étau se desserre pour Madrid, un paradoxe qui contraste avec le niveau de créances douteuses, des banques espagnoles, qui atteint un niveau jamais vu depuis le début de la série statistique en 1962. Les créances douteuses, c’est-à-dire des crédits immobiliers susceptibles de ne pas être remboursés, ont atteint 9,42% du total des crédits en juin contre 8,95% en mai.
En clair, les prêts faisant l'objet d'arriérés de paiement ont ainsi augmenté de 8,4 Milliards d'euros pour franchir la barre des 164,361 milliards d'euros. C’est dire la gravité de la situation dans la mesure où ce nouveau sommet confirme la détérioration du secteur financier espagnol, une perspective angoissante pour les investisseurs et les partenaires européens de l'Espagne.
Et pourtant, les taux exigés par le marché, reflet de la confiance du marché dans la solidité de la signature espagnole, dégringolent depuis le début de la semaine. Une détente à mettre au crédit de rumeurs de plus en plus étayées d'un versement d'urgence d'une partie des 100 milliards d'euros pour renflouer le secteur bancaire. En effet, face aux difficultés croissantes de certaines banques particulièrement exposées à un secteur immobilier sinistré, l'Espagne avait appelé à l'aide en juin ses partenaires de la zone euro, qui lui ont concédé un prêt pour ses banques pouvant aller jusqu'à cent milliards d'euros.
La première tranche d'aide de 30 milliards d'euros qui devait être débloquée fin juillet pourrait être ainsi injectée d’ici la fin du mois. Selon une porte-parole du ministère de l'Economie, l'Espagne présentera "sous peu" la demande de versement d'une première tranche de l'aide européenne. Mais cette enveloppe qui pourrait atteindre 100 milliards d’euros au maximum, pourrait s’avérer insuffisante si les créances douteuses qui rappelons-le culminent à 164 milliards, venaient à ne pas être remboursés.
"La Banque d'Espagne procède à l'analyse des banques nationalisées », dont Bankia, qui seront les premières à recevoir des fonds puisés dans l'enveloppe anticipée de 30 milliards d'euros déjà disponible » a fait savoir le porte parole du ministère de l’Economie. En somme, le niveau astronomique des créances douteuses plaide pour un déblocage immédiat de l’aide européenne au secteur bancaire. Une perspective qui rassure le marché comme en témoigne la détente des taux à 10 ans, qui se négocient à 6,39% contre 7,2% au plus fort de la crise.