Le feuilleton « Laminates » prend fin ce lundi. Gascogne, le papetier confronté à de grandes difficultés financières a finalisé la cession des actifs de Gascogne Laminates Switzerland à UPM Raflatac, annoncée le 1er juin. La division « Laminates », fabrique des emballages (autoadhésifs) notamment pour l'industrie, l'alimentation ou la pharmacie. La direction avait annoncé en début d'année la vente de la partie suisse de cette filiale. Cette dernière a contribué en 2011 à hauteur de 23,5% au chiffre d'affaires de l'activité Complexes de 184,4 millions d’euros pour 3,4 millions d’euros de pertes opérationnelles.
Désendettement et recentrage
Cette cession s'inscrit dans le cadre de la stratégie de désendettement et de recentrage de l'industriel du bois sur son cœur de métier mise en œuvre depuis septembre 2011. Conformément à l'accord de conciliation signé avec ses partenaires bancaires et son actionnaire EEM, homologué par le tribunal de Commerce de Dax en juillet dernier, le produit de cession des actifs de Gascogne Laminates Switzerland permettra de réduire pour partie l'endettement bancaire du groupe. Dans le cadre de cette transaction, une garantie de passif, usuelle en la matière, a été donnée par Gascogne Laminates Switzerland, contre-garantie par sa société mère Gascogne SA.
Cette vente apportera, certes de l’argent frais au groupe mais elle ne fera pas oublier une situation financière tendue. Le groupe a fait part de résultats intermédiaires dégradés accusant une perte opérationnelle de -10,7 millions d'Euros pour 159,5 millions d’euros de chiffre d'affaires. Les comptes sont toujours dans le rouge avec une perte nette consolidée atteignant -12,9 millions d’euros. Le millésime 2011 s’était déjà soldé par le résultat net dans le rouge à hauteur de 32,6 millions d’euros. Une lourde perte due à une dépréciation (avant impact d'impôt) de 23,3 millions d’euros sur les actifs des activités papier et sacs (sites grec et allemand). La dégradation de l'environnement macro-économique, n’a pas aidé la société du Sud-Ouest.
C’est que l'endettement financier net estimé par la direction a avoisiné les 120,1 millions d’euros au 30 juin 2012, un niveau qui étrangle la petite société landaise. Une part importante de cet endettement est constituée par des lignes de crédit court terme. Gascogne était en effet contraint de recourir à la dette pour financer d’importants investissements, qu’il jugeait nécessaire à la pérennité de son activité…Mais malheureusement pour la société, les prix des matières premières, bois en tête se sont envolées alors que les de bois de coffrage et de lambris se sont effritées, ces deux matériaux n’ayant plus vraiment la cote dans les maisons. Les pertes se sont donc accrues au fil des exercices…
Un programme d'économies estimé à 5 millions d’euros
Alors pour enrayer l’hémorragie, Gascogne rappelle avoir mis en place une politique de réduction de coûts avec un programme d'économies estimé à 5 millions d’euros, en année pleine « afin d'améliorer sa profitabilité et d'augmenter rapidement ses ressources financières ». Le pool bancaire consisté du Crédit Agricole, de la Société Générale et de la BNP n’est rien d’autre qu’un des principaux actionnaires de Gascogne. Le trio détient plus de 15% du capital du groupe. Or, les syndicats du producteur de bois et papier landais ont exprimé en juin dernier leurs inquiétudes quant à l'avenir de leur groupe, notamment concernant la division « Laminates ». Et pour cause, la vente de cette branche considérée comme la plus dynamique, va conduire le reste du groupe « dans des difficultés qui seront fatales ». Par ailleurs, les syndicats tout comme Jean-Luc Imberty, l’ex-dirigeant de Gascogne, avaient accusé la nouvelle direction de céder aux exigences du pool bancaires. Ce dernier pousserait le groupe à se séparer d’actifs qui sont pourtant nécessaires au redressement du groupe, mais sacrifiés sur l’autel du désendettement. Avec la vente de « Laminates » ces multiples revendications sont donc restées lettre morte…
Division par trois
Gascogne a annoncé début juillet que son assemblée générale du 5 juin 2012 avait décidé de réduire la valeur nominale des actions de 15 euros à 5 euros afin de prendre en compte l'évolution du cours de bourse. C’est que le parcours boursier du titre Gascogne n’est pas très reluisant. Il y a encore 10 ans, jour pour jour, l’action se négociait encore aux portes des 80 euros. Entre 2002 à 2008, le titre se traitait dans une fourchette comprise entre 60 et 85 euros pour ensuite amorcer sa descente. En l’espace d’une petite année, Gascogne a violement décroché de 70% pour se traiter sous les 20 euros en mars 2009 au plus fort de la crise financière de 2009. Depuis ce point bas, l’action a repris du poil de la bête pour s’adjuger sur les 45 euros en juin 2011, juste avant la tempête boursière estivale…Comme la plupart des sociétés de la cote, elle a fait les frais de la défiance des investisseurs, une défiance qui a été renforcée par la situation financière critique du groupe. Et en ces temps difficiles sur les marchés, la moindre société avec des comptes plombés par une forte dette, subit les foudres des opérateurs...