L’Espagne passait un test de crédibilité majeur aujourd’hui en levant près de 4 milliards d’euros à échéance 2014, 2015 et 2017.
Un test crucial étant donné que le niveau des taux d’intérêts détermine pratiquement à lui seul si l’Espagne a besoin d’un plan de sauvetage de son économie. Car si les taux espagnols se sont fortement détendus depuis l’annonce de la BCE qui s’engageait le 6 septembre dernier à racheter en quantité illimitée des obligations pour faire baisser les couts d’emprunts, les taux espagnols restent toujours trop élevés sur le long terme.
Une chose est sure, à la lecture de l’opération, la perception des marchés quant à la qualité de la signature espagnole s’améliore sensiblement, Madrid ayant levé 4 milliards d’euros avec des taux en nette baisse.
Dans le détail, le trésor espagnol a placé pour 1,285 milliard d’euros à échéance octobre 2014 assorti d’un taux en chute libre, qui s’inscrit à « seulement « 3,282% contre 5.302% le 19 juillet dernier. Une chute vertigineuse, de plus de 200 points de base, qui traduit le regain de confiance des marchés. Autre signe positif, le ratio de couverture s’inscrit à 2.03 contre 1.9 le 19 juillet dernier.
Sur la ligne arrivant à échéance en octobre 2015, le trésor a levé 1,997 milliard d’euros assorti d’un taux en légère hausse à 3,956% contre 3.845% le 20 septembre dernier, date à laquelle l’Espagne profitait déjà d’une accalmie avec l’annonce de la BCE. Le Bid-To-Cover Ratio s’établit de son coté en hausse à 1.98 contre 1.56 auparavant.
Enfin, l’Espagne a levé 710 millions d’euros arrivant à échéance en juillet 2017. Alors que le 19 juillet dernier, le trésor avait du consentir un taux d’intérêt de 6,55%, un niveau absolument insupportable, le rendement est depuis tombé à 4,766%. Une vraie bouffée d’oxygène, car si Madrid continue de se financer en dessous du seuil des 5% sur 5 ans, elle peut se permettre de repousser encore une demande d’aide.
Autre signe positif, les investisseurs se sont rués pour acheter du papier espagnol à 5 ans, en témoigne le ratio de couverture qui s’établit à 2,47 contre 2,06 auparavant.
Il s’agissait de la première adjudication depuis l’annonce du plan d’austérité et de l’audit bancaire qui ont fait apparaitre des besoins de recapitalisation de 53,7 milliards d’euros. Le déroulement de l ‘opération témoigne ainsi d’un regain de confiance des marchés, même si les taux restent encore trop élevés. C’est aussi une manière pour les marchés de dire que le plan de budget 2013 qui prévoit des efforts de consolidation énormes (avec près de 102 milliards d’économies entre 2012 et 2014) pour ramener le déficit à 6,3% du PIB dans un contexte récessif est jugé crédible et va dans le bons sens.