Le groupe ADP a fait parler de lui à deux reprises cette semaine : point d’activité sur neuf mois et changement de tête à la direction ont été les dernières actualités qui ont rythmé la vie de la société.
L’exploitant a vu son chiffre d’affaires progresser sur 9 mois, mais le trafic quant à lui, a ralenti au mois d’octobre. Par ailleurs, Augustin de Romanet, ex-patron de la Caisse des dépôts, est pressenti au poste de PDG du groupe en remplacement de Pierre Graff, atteint par la limite d'âge.
Rien que sur le troisième trimestre, le chiffre d'affaires s'est établi à 705 millions, en progression de 6,5%. Sur les neuf premiers mois de l’année, les ventes d’Aéroports de Paris se sont donc appréciées de 4,9% à 1,972 milliard d'euros à la faveur de la hausse des activités aéronautiques et de l'immobilier mais aussi de la progression de l’activité de ses boutiques. Ce dynamisme de ces pôles a permis de compenser une hausse modérée du trafic à Paris (+1,3%) à 68,1 millions de passagers. Il a augmenté de 1,7% à Paris-Charles de Gaulle (47,2 millions de passagers) et de 0,6% à Paris-Orly (20,9 millions de passagers).
Dans le détail, le chiffre d'affaires des activités aéronautiques a progressé de 5% à 1,199 milliard tandis que le chiffre d'affaires des commerces et services a augmenté de 7,6% à 663 millions d’euros. C’est qu’ADP ne souhaite pas tirer l’intégralité de ses revenus du trafic aérien. Le groupe entend mieux valoriser ses infrastructures grâce à l'extension des galeries marchandes et au recentrage de son activité, qui est passé par la cession de sa filiale assistance à Groupe 3S à la fin de l’année. Cette stratégie s’avère payante ! Le chiffre d'affaires des activités commerciales (loyers perçus sur les boutiques, les bars et restaurants, la publicité, les activités banques et change et les loueurs de voitures) s’est apprécié de 12,9% à 259 millions d’euros. Au sein de cet ensemble, les loyers issus des boutiques en zone réservée s'établissent 185 millions en hausse de 13,9%, sous l'effet de la forte augmentation du chiffre d'affaires par passager (+10,7% à 16,1 euros).
Cette performance est majoritairement attribuable aux très bons résultats des points de vente hors taxe (duty free) sur l'ensemble des terminaux de Paris-Charles de Gaulle, dont le chiffre d'affaires par passager est en forte hausse (+11,6% à 29,8 euros) sous l'effet de la forte croissance du trafic de faisceaux très contributeurs tels que la Chine (+14,2%) ou la Russie (+11,4%) et de la poursuite de la bonne performance des activités mode et accessoires et de gastronomie. Pas étonnant que le groupe ait prolongé son partenariat au sein de Société de Distribution Aéroportuaire, l’opérateur des activités alcool/tabac/parfum/cosmétiques et gastronomie des aéroports de Paris-Charles de Gaulle et de Paris-Orly. Aussi, ADP a crée une co-entreprise « Relay@ADP » avec Relay pour l’exploitation de boutiques de presse, de livres, de boissons et sandwiches et de souvenirs. Enfin, le chiffre d'affaires du segment immobilier est en croissance de 4,5% à 187 millions, tiré par de nouvelles occupations et l'indexation des loyers.
Dans ce contexte, la société aéroportuaire a confirmé ses objectifs annuels. ADP continue de tabler sur l'hypothèse d'une croissance modérée du trafic passager, du chiffre d'affaires et de l'Ebitda.
Par ailleurs, le conseil d'administration d'ADP a proposé lundi, de nommer Augustin de Romanet, ex-patron de la Caisse des dépôts, au poste de PDG du groupe en remplacement de Pierre Graff, atteint par la limite d'âge. Le directeur général délégué d'ADP, François Rubichon, qui était candidat à la succession de Pierre Graff, assurera l'intérim, en attendant qu'Augustin de Romanet soit auditionné par des commissions parlementaires et ainsi que la publication du décret avalisant sa nomination. Le tout nouveau patron d’ADP devra s’occuper du dossier Turques TAV dont l’exploitant aéroportuaire français a acquis 38% pour environ 670 millions d'euros. Pour un troisième aéroport à Istanbul, le projet est très loin d’être abouti puisqu’ « à ce jour, les modalités de réalisation de ce projet n'ont pas été rendues publiques » par les autorités turques. L’internationalisation du groupe est en effet une des priorités du groupe tout comme le développement des points de ventes avec un voyageur/consommateur placé au cœur de sa stratégie. Un bon moyen d’assurer une bonne visibilité pour les exercices à venir. C’est que l’opérateur aéroportuaire entend donc contrebalancer la baisse de régime du trafic aérien, lié à des troubles politiques, à des évènements climatiques défavorables et aussi à une conjoncture économique adverse.
Sur le front boursier, dès que les premières craintes de ralentissement de l’économie se faisaient jour, le cours de Bourse d’ADP s’était inscrit dans une tendance baissière. De 67 euros en juillet 2011, le titre avait perdu 25% pour passer sous la barre des 50 euros, et ainsi revenir aux niveaux de juin 2010. Puis, l’action ADP a opéré un rattrapage et touché un plus haut à 67 euros le 17 août dernier. Depuis, le titre est revenu sous les 60 euros. La valorisation du titre ressort encore 17,4 fois les bénéfices attendus cette année, ce qui reste encore cher.
