A l'occasion de ses vœux à la presse, Tom Enders créée la surprise. Le patron du groupe aéronautique européen vient d’annoncer que les résultats 2012, attendus le 27 février prochain, seront supérieurs aux prévisions du groupe. C'est qu'EADS peut compter sur le succès rencontré par Airbus, l’avionneur a annoncé jeudi qu'il comptait livrer plus de 600 avions en 2013, soit un nouveau record après les 588 appareils sortis de ses usines l'an passé. Mais les trois autres divisions du groupe, Cassidian (défense), Astrium (espace) et Eurocopter (hélicoptères) vont également contribuer tous à une « amélioration très significative » du chiffre d'affaires et du bénéfice. Concernant la division défense, Tom Enders a déclaré qu’elle « a fait du bon travail en matière de restructurations ».
En novembre dernier, EADS avait annoncé tabler sur une hausse d'environ 10% de son chiffre d'affaires et sur un bénéfice d'exploitation (Ebit), avant éléments non récurrents, de 2,7 milliards d’euros. Ces prévisions avaient déjà été relevées fin juillet...En revanche, aucune indication sur le nouveau plan stratégique qui fait suite à l’échec du projet de fusion avec le britannique BAE Systems en octobre dernier. Il faudra attendre quelques mois pour avoir les détails de ce programme censé remplacer le plan 2020 du précédent directeur général, Louis Gallois. Mais à court terme, la direction a indiqué se concentrer « sur une augmentation de la production dans toutes les unités » et tentera de réaliser le premier vol du nouvel Airbus A350 « dès que possible » durant l'été. Toutefois, M. Enders a précisé que le climat géopolitique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que le débat budgétaire aux Etats-Unis et la situation encore fragile de l'économie de la zone Euro pourraient un peu ébranler la marche des affaires d’EADS.
Autre point qui reste à clarifier : la structure actionnariale d’EADS. Fin 2012, l’industriel a tenu à clarifier la situation en précisant que les « actionnaires de référence discutent actuellement de possibles changements dans la structure de l'actionnariat et de la gouvernance de l'entreprise, et que sa direction participe activement aux discussions lorsque c'est nécessaire ». L’échec du mariage d’EADS avec BAE a en effet daccéléré la question de la réorganisation de l’actionnariat du groupe. Dans le nouveau schéma envisagé, les industriels présents dans le tour de table vont peu à peu s’effacer... Le constructeur automobile allemand Daimler et groupe de médias français Lagardère entendent sortir d’EADS car cet actif n’est plus stratégique à leurs yeux. Daimler est déjà à la manœuvre après avoir vendu 7,5% du capital à des investisseurs allemands tandis que Lagardère entend tirer sa révérence dès 2013… Ainsi, l'Etat allemand qui n'a jamais été actionnaire d'EADS jusqu'à présent devrait avoir entre ses mains quelque 12% du capital de l’industriel avec la sortie progressive de Daimler tandis que l'Espagne conservera une participation proche de 5%. Le camp français détient à ce jour 22,35% des titres EADS à travers la Sogeade (Société de gestion de l'aéronautique, de la défense et de l'espace). Le holding est contrôlé à hauteur des 2/3 par l'Etat français, tandis que le solde appartient à Lagardère. Mais avec le désengagement de Daimler et de Lagardère, la France et l’Allemagne seront à parité. Les Etats européens devraient donc revenir autour de 30% du capital, soit sous le seuil de la minorité de blocage contre plus de 50% actuellement...Le flottant serait ainsi porté à plus de 70%. Fin février prochain, on en saura beaucoup plus sur les mouvements à venir…
Depuis le début de l’année, le titre EADS gagne plus de 18%, poursuivant son ascension opérée en fin d’année 2012. Le dossier a été soutenu par de nouvelles commandes, notamment en provenance des pays émergents, et indirectement par les déboires du 787 Dreamliner de son concurrent Boeing. Sur le plan purement fondamental, l’entreprise reste dans des prix intéressants avec un PER de 11x en 2013. Au niveau du ratio VE/EBITDA, on reste largement en dessous de Boeing à 2,55x pour l’exercice suivant. Positif