Peugeot accuse la plus forte baisse du SBF 120 depuis l’ouverture. Le constructeur automobile sort de route après avoir confirmé étudier une alliance avec le chinois Dongfeng. Elle s’accompagnerait d’une augmentation de capital. Depuis quelques mois, l’avenir capitalistique de Peugeot était de plus en plus incertain alors que la situation financière du groupe est loin d’être beau fixe. Début octobre, le groupe sochalien avait reconnu dans un communiqué laconique, qu'il étudiait de « nouveaux projets de développement industriel et commercial avec ses partenaires ainsi que les modalités de financement qui les accompagnerait ». Mais le constructeur avait ajouté qu’ « aucun de ces projets n’est arrivé à maturité à ce stade. » Cette fois ci le changement dans le tour de table est confirmé par la marque au lion.
Mercredi, Reuters avait mis le marché au parfum en avançant que le conseil de surveillance de PSA avait approuvé un projet d'alliance avec Dongfeng. Cette union verrait le constructeur chinois et l'Etat français prendre des participations majoritaires dans le constructeur français à un prix 40% inférieur au cours actuel de l'action via une augmentation de capital de 3,5 milliards d'euros. La participation de la famille Peugeot serait diluée à 15%, contre plus de 25% actuellement. L’augmentation de capital qui accompagnerait l’arrivée de ces deux protagonistes dans le tour de table ravive depuis de nombreuses semaines, les inquiétudes de la communauté financière. Le spectre d’une forte dilution n’est pas du tout apprécié des opérateurs.
Par ailleurs, PSA a précisé qu'en cas de prise de participation dans son capital, General Motors donnerait son feu vert. Les synergies liées à cette alliance ont été revues en baisse. Elles sont attendues à 1,2 milliard de dollars par an pour les deux groupes à l'horizon 2018, contre deux milliards initialement, en raison de l'abandon du projet commun de petite voiture.
Pour ne rien arranger, Peugeot concède qu’il devra faire face à de nombreuses difficultés. Les variations des taux de change vont être susceptibles d'avoir un impact significatif sur le ROC Automobile et le free cash-flow opérationnel du groupe. Une variation de un pourcent de l'euro contre le panier de devises auxquelles est exposé le Groupe, dont le real, le peso argentin, et le rouble, a un impact annuel proche de 80 millions d’euros sur le ROC Automobile, dans les conditions actuelles de marché. Et le marché n’est pas au beau fixe pour le constructeur automobile.
Les performances commerciales du groupe font en effet peine à voir. Les dernières immatriculations du groupe font en effet état d’une chute de 10,9% dans l’Europe des 30. La part de marché du groupe en Europe s’est contractée à 11,9% sur les trois premiers trimestres de 2013 contre 12,7% un an plus tôt sous la pression continue des marques premium et low cost, dont les parts de marchés augmentent régulièrement depuis 2007. En Russie, Peugeot voit ses ventes se replier de 7,8% au troisième trimestre 2013 et dévisser de 23,1% sur 9 mois. Même constat au Brésil, les ventes patinent. Elles ont chuté de 30% rien que sur le troisième trimestre…
Ainsi, PSA Peugeot Citroën enregistrera dans ses résultats annuels 2013 un ajustement de valeur comptable sur les actifs de la division Automobile traduisant notamment le contexte de dégradation des marchés automobiles et de l'évolution des taux de change sur les zones Russie et Amérique latine. Cette dépréciation, qui pourrait s'élever à environ 1,1 milliard d’euros, viendra en diminution du résultat du groupe mais il explique qu’elle sera sans aucun impact sur la trésorerie.
En février dernier, le groupe avait annoncé une perte nette historique de 5 milliards d’euros pour 2013, alors que les analystes s’attendaient à ce que le groupe annonce un déficit de 1,5 milliard d'euros. Elle représentait… 3 fois la capitalisation boursière du groupe. Il n’est guère étonnant que le groupe ait voulu préparer les esprits à l’époque…
Dans ce contexte des plus adverses, le constructeur s'attend à un marché automobile en baisse de l'ordre de 4% en Europe, à une croissance de l'ordre de 14% du marché chinois, de l'ordre de 2% en Amérique Latine et à une baisse de l'ordre de 7% du marché russe. Il confirme malgré tout confirme son objectif de réduire au moins par deux sa consommation de free cash-flow opérationnel en 2013 ainsi que « la tendance annoncée d'une réduction très significative en 2014 » tout en renforçant ses plans d'action pour compenser l'effet négatif des taux de change sur son free cash-flow opérationnel.