Entretien avec David Ganozzi, gérant de Fidelity Patrimoine
MonFinancier.com : Quel bilan peut-on dresser et quels évènements peut-on retenir de 2013 ?
David Ganozzi : Si on se place d’un point de vue macroéconomique, le bilan est plutôt bon. Sur 2013, on a plutôt eu de bonnes surprises. Aux Etats-Unis, la croissance a été extrêmement solide, ce qui est rassurant, malgré les péripéties budgétaires de l’automne dernier. Le Japon fait également partie de ces bonnes surprises. Son économie a repris du poil de la bête grâce à une politique économique assez drastique articulée autour de la politique budgétaire et de la baisse du yen. Elle commence à produire ses effets, assez rapidement, dès 2013. Autre surprise de 2013 : la zone euro qui est sortie de la récession depuis le deuxième trimestre, avec beaucoup de scepticisme puisque la zone reste très en retard. Mais l’évènement majeur de 2013 est très clairement, le changement de ton de la réserve fédérale puisqu’il clôt une longue période marquée par une politique monétaire ultra accommodante. La Fed a commencé à calmer les marchés en évoquant une normalisation de sa politique monétaire.
MonFinancier.com : Sur quels supports il fallait investir en 2013 ?
D.G : Quand on regarde la performance sur les marchés actions, on est autour de 18% de hausse avec un évènement important aussi, c’est la sous performance des marchés émergents. Les pays développés ont dégagé une performance positive. Les bonnes nouvelles macroéconomiques ont entretenu cette hausse sur les marchés actions : accélération de la croissance mondiale, sortie de récession de la zone euro, du Japon. Malgré le changement de ton de la Fed, le marché obligataire, certes corrige, mais ce n’est pas une forte correction. Les obligations bien notées de la zone euro ont réalisé entre 2% et 2,5% de performance sur l’année. C’est beaucoup moins que sur les 10 dernières années. Mais malgré la remontée des taux, les rendements sur cette classe d’actif sont très honnêtes. C’est beaucoup mieux que sur le monétaire. Il fallait être sur les marchés actions ou sur certains segments du marché obligataire comme le haut rendement.
MonFinancier.com : Quelles sont vos prévisions pour le début de 2014 ?
D.G : L’environnement macroéconomique devrait rester porteur sur les marchés actions au début de l’année 2014. Mais il reste toujours la question de la réserve fédérale. Elle doit agir tout en ne catastrophant pas les marchés et tout en ne cassant pas la reprise aux Etats-Unis. Pour prendre une décision, la Fed regarde quand même les chiffres, regarde les marchés. Au printemps, la remontée des taux a été violente. Les marchés émergents ont été secoués par cela. Mais il n’y a pas de pression inflationniste. Les actions nous paraissent donc la classe d’actifs la plus attractive à l’heure actuelle. On reste sous exposés en monétaire en raison de sa faible rémunération.
MonFinancier.com : Quid de la zone euro et du reste du monde ?
D.G : Du côté de la zone euro, le début de stabilisation sur le marché du travail est encourageant. La reprise dans la zone se déroule progressivement malgré tout ce scepticisme qui l’entoure. Contrairement aux Etats-Unis, la question du resserrement monétaire ne se pose pas à l’heure actuelle ni en Europe et encore moins au Japon. Dans ce pays, les indicateurs macroéconomiques sont très bons à court terme. A nuancer tout de même avec la hausse de la TVA à venir. C’est un élément à surveiller alors que la reprise japonaise est encore fragile. Quant au reste du monde, ils sont moins avancés dans cette reprise économique.
MonFinancier.com : La croissance en zone euro est-elle assez puissante pour enrayer la hausse du chômage ?
D.G : Pour l’instant, la reprise a l’air de stabiliser le chômage. Au stade où en en est aujourd’hui, la reprise ne peut que stabiliser le chômage. Pas l’enrayer. Le mécanisme qui inverserait cette tendance serait autoentretenue : la stabilisation du marché du travail, donne un peu plus de confiance et de revenus aux ménages donc un peu plus de consommation. Sur ces bases, les chefs d’entreprises sont plus confiants pour investir. La désinflation est également un élément positif grâce à la maitrise du coût des matières premières. Aussi, les politiques budgétaires vont être moins restrictives qu’en 2013. Mais très clairement, il ne faudra pas s’attendre à une reprise flamboyante.