Prise entre deux feux, l’un politique, l’autre financier, la Banque centrale turque a décidé de maintenir inchangés ses principaux taux d'intérêt, accentuant ainsi la dégringolade de la livre turque (LT), sur fond de crise politique en Turquie.
Attaquée depuis l'été face aux craintes de resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), la monnaie turque ne cesse de chuter depuis la mi-décembre. Elle s’effondre de 10% sur 2 mois et de 3,6% depuis le début d’année. Outre la perspective d’un tapering de la Fed, c’est la crise politique suscitée par le scandale de corruption qui éclabousse le Premier ministre Erdogan, qui a fait violemment chuter la devise turque.
Conscient des risques d’une dépréciation excessive de sa monnaie, le gouvernement met la pression sur la banque centrale pour qu'elle ne remonte pas ses taux, de peur que l'économie ne ralentisse encore plus. Se pliant aux recommandations du gouvernement, l’institution a donc privilégié sans grand succès jusqu’à présent des interventions directes sur le marché, pour plusieurs centaines de millions de dollars par jour, afin de tenter d'enrayer la chute de la monnaie, qui a perdu près de 25% depuis le début de l’année. Mais la banque Centrale a beau essayé d’intervenir pour faire remonter la livre elle a surtout dilapidé une grosse partie de ses réserves et n’a plus de munitions.
Au final, c’est le statu quo qui l’emporte. Le communiqué du comité précise qu'"il a été décidé de maintenir inchangé à 7,75% le taux de prêt à un jour, à 4,5% le taux repo à une semaine et à 3,5% le taux de financement à un jour".
Une décision qui a immédiatement été sanctionnée par une nouvelle baisse de la devise , qui s'échangeait en début d'après-midi à 2,25 LT pour un dollar et à 3,05 LT pour un euro, nouveaux plus bas historiques.