La monnaie unique se raffermit face à l’ensemble des devises alors que le taux annuel d'inflation dans la zone euro a reculé en mars à son plus bas niveau depuis la fin de 2009, alimentant la crainte d'une période de paralysie économique pour l’union monétaire.
Après avoir augmenté 0,7% le mois précédent, l’inflation est retombée à seulement 0,5% en mars. C’est sa plus faible hausse annuelle depuis novembre 2009, époque durant laquelle la zone euro se battait contre la récession.
Et pourtant, l’euro grimpe. Alors que plusieurs voix s’élèvent en Europe pour alerter contre les risques d’une monnaie trop forte sur l’économie, la monnaie unique n’en fait qu’à sa tête. Elle s’adjuge ainsi 0,26% face au dollar, à quelques encablures du seuil des 1,38$. L’euro bondit carrément de 0,7% face au yen, profitant du reflux de la devise japonaise pour se hisser au plus haut à 142,50 yens.
Pourtant, le ralentissement de l'inflation constaté le mois de dernier devrait peser sur le cours de l’euro. Une faiblesse des prix notamment due au reflux des prix de l'énergie, qui ont diminué de 2,1% sur un an. Mais la hausse des prix d'autres biens et services qui dépendent purement de la demande intérieure a également ralenti, tandis que l'indice de base, qui exclut des facteurs volatils comme l'énergie et l'alimentation, a décéléré à 0,8%, contre 1% en février.
Plus que jamais donc, le taux d'inflation annuel de mars est nettement en dessous de l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE), qui vise un taux inférieur à, mais proche de, 2% à moyen terme. Cette statistique plaide pour que les responsables de la BCE envisagent de nouvelles mesures de soutien à l'économie dans le cadre de leur prochaine réunion de politique monétaire, qui se déroulera jeudi.
Les investisseurs pensent que la BCE pourrait annoncer à cette occasion des taux de rémunération des dépôts négatifs. Les responsables de la BCE ont écarté jusqu'ici les craintes de déflation, jugeant que la reprise économique dans la zone euro évoluait en grande partie conformément aux attentes. Mais ils ont signalé une sensibilité accrue à une inflation trop faible. "Nous ferons le nécessaire pour maintenir la stabilité des prix", avait maintes fois assuré le président de la BCE, Mario Draghi.
Désormais, tous les regards se tournent vers la BCE.
