Mauvaise nouvelle pour Groupe Eurotunnel. La commission de la concurrence britannique n’en démord pas, elle veut bouter le service de ferries de l’opérateur transmanche hors de Douvres…
Elle a confirmé ce mardi vouloir interdire le service de ferries du groupe Eurotunnel entre Calais et Douvres, MyFerryLink, au motif qu'il présente un risque pour la concurrence sur le marché du transport transmanche entre Calais et Douvres. Cet avis préliminaire entérine ainsi une décision antérieure prise l’an dernier. L’autorité britannique n’a pas changé son fusil d’épaule malgré de nouveaux éléments matériels apportés par Groupe Eurotunnel qui attestent « de l'évolution du marché. », deux ans après l’acquisition de trois navires.
Elle a décidé ce jour de maintenir l’interdiction au Groupe Eurotunnel d'opérer une activité de ferries au départ du Port de Douvres. L’autorité britannique a jugé que cette activité limitait la concurrence et risquait de conduire à une hausse des prix du transport transmanche de passagers et de marchandise.
« L'avis préliminaire de la CMA est que, si Eurotunnel est autorisé à poursuivre son service au départ de Douvres, un concurrent est susceptible de se retirer de (la ligne) Douvres-Calais. Cela ferait d'Eurotunnel l'opérateur à la fois du lien ferroviaire et d'un des deux services de ferries entre Douvres et Calais », a estimé le régulateur.
Cette nouvelle décision n’a pas manqué de provoquer l’ire du groupe Jacques Gounon. « Groupe Eurotunnel croit qu'en prétendant qu'il n'y a eu aucun changement matériel du marché, la CMA cherche simplement à justifier son analyse initiale, » a réagi le PDG de l’opérateur transmanche. Ce dernier avance que la CMA a ignoré que la croissance du marché a dépassé de 2% ses prévisions et que la compagnie DFDS continue d'opérer alors que la décision initiale était basée sur une sortie rapide du marché de cet acteur. En conséquence, le management pense que « la décision préliminaire du CMA est basée sur une analyse erronée quant aux évolutions significatives du marché des ferrys depuis 2012. »
Pour rappel, l'autorité française de la concurrence a validé en novembre 2012, et sous certaines conditions, le rachat d'actifs de SeaFrance par Eurotunnel. Le groupe avait en effet récupéré à la barre du Tribunal de Commerce de Paris des actifs de l’armateur en faillite. Trois navires et tous les actifs ont été repris par Eurotunnel pour un montant de 65 millions d'euros.
Avec cette nouvelle corde à son arc, Eurotunnel espérait reprendre des parts de marchés dans le trafic de camions. Le trafic transmanche est en effet mieux orienté que par le passé, les volumes sont en hausse et les prix aussi. Si MyFerryLink devait s’arrêter, Eurotunnel pourrait se voir contraint de conserver en cale sèche les trois navires concernés avant de pouvoir les revendre. Lors de leur acquisition, le tribunal de commerce de Paris avait en effet imposé à Eurotunnel de conserver les actifs repris jusqu'en 2017.