Sans surprise, le comité de la banque centrale d’Angleterre a voté à l'unanimité le maintien des taux directeurs en l’état, ainsi que le montant des rachats d'actifs. En revanche, le comité s’est dit « surpris » de « la faible probabilité attribuée par les investisseurs à une action sur les taux en 2014 » alors que Mark Carney avait prévenu lors de sa dernière conférence de presse qu’un relèvement des taux pourrait intervenir plus tôt que prévu.
Pour l’heure, force est de constater que les marchés accordent peu de crédit à l’hypothèse d’un relèvement des taux d’ici la fin de l’année, or c’est bel et bien ce qui pourrait arriver, a prévenu la BOE, au risque de surprendre les marchés.
Toutefois, face aux incertitudes qui continuent de planer sur l’économie britannique, le comité est unanime. Il n’y aura pas de relèvement des taux tant que la BOE ne sera pas sûre qu’un resserrement monétaire n’aura pas de conséquence sur l’économie.
Or, pour l’heure, la BOE estime qu’un relèvement des taux serait prématuré et pourrait entraîner des « coûts considérables » pour l’économie. Le relèvement de taux d'intérêt dépendra d’abord du niveau des capacités inutilisées dans l'économie qui, selon les membres du comité de politique monétaire, est encore important. Pour la BOE, il est même indispensable de constater une plus grande réduction des capacités inutilisées avant de relever les taux.
« Car plus ces capacités inutilisées diminueront, plus la croissance générera des tensions inflationnistes qui devront être contrées par un relèvement de taux ». Mais à l’heure actuelle, le comité discerne des "incertitudes considérables" concernant son estimation des capacités inutilisées. Les minutes ont d’ailleurs souligné que les avis divergent à ce sujet, même si tous les membres du comité ont convenu que la BOE ne devrait pas relever ses taux tant qu'il n'y aura pas davantage de signes de diminution de ces capacités.
La BOE a par ailleurs décelé d’autres incertitudes, notamment concernant la durée du ralentissement du marché du logement. La Banque d'Angleterre n'est pas certaine de la durée qu'aura le ralentissement apparent du marché du logement au Royaume-Uni. En revanche, elle considère que « le récent déclin des autorisations de prêts immobiliers comme un reflet des nouvelles règles, plus strictes, sur les emprunts hypothécaires dont l'impact pourrait se révéler durable. Ce déclin pourrait aussi refléter une offre insuffisante, elle-même cohérente avec une hausse des prix ».
Quoi qu’il en soit, la BOE va prendre son temps avant de resserrer l’étau monétaire notamment parce qu’ « il serait difficile d'inverser les effets du premier relèvement de taux. A ce titre « les incertitudes concernant cet impact renforcent la nécessité de relèvements « progressifs et prudents ».
A la publication des minutes, le sterling s’est envolé en direction des 1,2545 face à la monnaie unique avant de repasser sous le seuil des 1,25 dans l’après midi. Le mouvement de hausse de la devise britannique est encore plus significatif face au dollar américain, avec une livre qui est allée tester un plus haut en séance à 1,7004 avant de revenir au contact des 1,6948 en début d’après midi, signe que le marché intègre progressivement le prochain resserrement monétaire britannique.