Croissance en panne, risque de déflation, les derniers signaux envoyés par l’économie française ne laissent pas de place au doute. L’économie française est restée à l’arrêt au deuxième trimestre.
Investissement en berne, balance commerciale qui reste largement déficitaire, tous les moteurs, hormis celui de la consommation sont à l’arrêt. Ce qui a conduit Michel Sapin à réduire de moitié sa prévision de croissance pour cette année passant de 1% à 0,5%. Mais pour atteindre 0,5% de croissance, il faudrait que le PIB progresse de 0,3% aux troisièmes et au quatrième trimestre. Ce qui est loin d’être gagné.
Conséquence, le déficit public, attendu à 3,8% cette année devrait rester à 4% et devrait encore excéder le seuil des 3,5% l’an prochain. La perspective d’un déficit à 3% l’an prochain est définitivement abandonnée. Paris va devoir plaider pour un nouveau délai auprès de la Commission européenne.
Dans ce contexte, l'agence de notation Moody's a revu une nouvelle fois à la baisse sa prévision de croissance pour la France après la toute dernière modification des objectifs gouvernementaux.
L'agence, qui avait abaissé à 0,6% sa prévision de croissance du produit intérieur brut pour 2014 pas plus tard que lundi dernier, l'a de nouveau modifiée en la ramenant à 0,5%, en ligne avec les prévisions du gouvernement. Pour 2015, Moody's n'attend plus qu'une progression de 0,9%, contre 1,3% auparavant.
Moody's met en avant la faible croissance de la demande française au deuxième trimestre (0,2%), mais estime que la contraction des dépenses d'investissement de 1,1% est "particulièrement négative pour le potentiel de croissance futur du pays".
Tout en reconnaissant les "initiatives" politiques du gouvernement, l'agence juge que "des rigidités anciennes sur les marchés (particulièrement les barrières à l'entrée dans de nombreuses industries de services, comme les services juridiques) ainsi que des règlementations coûteuses pour les entreprises ont aussi tiré vers le bas les prévisions de croissance du pays".
Moody's affirme aussi que la décision du gouvernement de ne pas prendre de nouvelles mesures pour respecter les 3% européens va mettre en cause de façon "significative" les mécanismes de surveillance fiscaux européens et la gouvernance européenne.
Par ailleurs, "le déficit public et les révisions [des prévisions] illustrent les défis persistants auxquels la zone euro fait face, et constitue un nouveau test pour l'union monétaire, et pour la volonté politique d'imposer une discipline fiscale dans un contexte économique difficile", ajoute l'agence.
Quant au Premier ministre, Manuel Valls a déclaré dans le Journal du dimanche qu'il était "hors de question" de changer de politique face à la panne de la croissance, jugeant même "irresponsables" ceux qui appellent à une autre stratégie.