La fin de l’année approche et le champagne devrait couler à flots, boisson par excellence oblige. Les producteurs espèrent sabrer le champagne pour oublier une année 2013 particulièrement difficile pour le secteur. C’est que ce breuvage est très dépendant de la conjoncture économique, notamment européenne. Mais face à ces difficultés sur le Vieux Continent, la filière champenoise a engagé une mutation de ses ventes depuis longtemps, visant de plus en plus de nouveaux marchés, tels que les Etats-Unis, le Japon et l’Australie. De quoi se démarquer des Diageo à Pernod Ricard en passant par Rémy Cointreau, qui pâtissent des mesures anti-corruption en Chine.
LVMH, incontestable leader
Avec un chiffre d'affaires de plus d'un milliard d'euros généré par son activité vins et spiritueux, LVMH est l’incontestable leader du marché des petites bulles. Il compte les marques les plus connues, voire les plus prestigieuses du secteur : Moët et Chandon, Mercier, Ruinart, Krug, Veuve Clicquot, Dom Pérignon. En 10 ans, Moët Hennessy la division vins et spiritueux du groupe de Bernard Arnault, a accru son chiffre d'affaires de près de 100 % en dix ans ! La stratégie du groupe est limpide : toujours être en tête de la course au grand luxe pour dégager les plus belles marges du secteur. Le groupe a indiqué récemment que son activité champagne poursuit une belle performance au troisième trimestre, portée par la bonne tenue des marchés américain et japonais. Depuis le début de l’année, le titre reprend 8% à comparer avec un CAC40 qui ne grappille moins de 2% sur la période.
Loin derrière vient Vranken-Pommery Monopole, avec un chiffre d'affaires consolidé de 315 millions d'euros en 2013. Propriété du Belge Emile Vranken, cette maison fondée en 1976. Vranken a, au fil du temps, fait main basse sur des marques telles que Charles Lafitte ou Heidsieck Monopole. Sur ces 315 millions d’euros de ventes, le champagne a représenté un peu moins de 250 millions d’euros l’an passé. Signe que le marché du champagne tend à se redresser, le numéro deux des producteurs de champagne a renoué avec les bénéfices au premier semestre et prévoit une amélioration de sa rentabilité opérationnelle sur l'année grâce à une montée en gamme. La dette nette a reculé sur un an avec la des actifs non stratégiques et, surtout, annoncé l’an dernier son projet de créer une coentreprise avec le groupe Castel afin de développer ses marques de rosé Listel et Billette. Ce rapprochement permettra par ailleurs à Vranken-Pommery de faire commercialiser ses marques de champagnes par Castel en Chine, Russie et Afrique. Trois marchés prometteurs pour le Champagne.
En revanche, Lanson International-BCC a déçu sur les neuf premiers mois de l’année avec un chiffre d’affaires en repli sur la période. La maison de Champagne a rappelé que le quatrième trimestre compte habituellement pour environ 45 % de ses expéditions de vins de Champagne, la tenue de la consommation en fin d'année sera donc déterminante. La situation économique mondiale incitant à la prudence, Lanson-BCC n’a pas donné des prévisions chiffrées pour l'ensemble de l'exercice 2014.
A l’instar d’LVMH ou Vranken-Pommery, Laurent-Perrier a également mis le cap hors de l’Europe puisqu’il réalise les 2/3 de son chiffre d'affaire à l'exportation. Ce qui est nettement plus élevé que les standards du Champagne et lui permet de dégager une rentabilité plus élevée, que ses homologues cotés en Bourse grâce à un effet mix/prix solide. Le groupe met en effet l’accent sur haut de gamme, l’ultra brut, les rosés et la cuvée Grand Siècle. Pour savoir si ce dynamisme reste payant, il faudra attendre la publication des résultats semestriels de la Maison de Champagne prévue le 27 novembre avant bourse. Cette année, les meilleures bouteilles de champagne ne resteront pas à la cave.
