Christine Lagarde n’a pas mâché ses mots lors de la conférence de presse de Jackson Hole, en dressant un portrait sombre mais réaliste de l'économie mondiale qu’elle qualifie de fragile, se trouvant même dans une « phase dangereuse ».
Son message, à l’attention du secteur bancaire européen n’est pas passé inaperçu non plus. « Les banques européennes qui apparaissaient disposer de trop peu de fonds propres pour faire face à une situation de stress doivent augmenter leur capital de manière substantielle ».
L'été, déjà sanglant pour le secteur, avec un indice Stoxx 600 des banques européennes qui a perdu 33 % depuis fin juin risque d'être chahuté jusqu'au bout. Car les défis à relever son nombreux. Les banques vont devoir rassurer sur leur solidité financière dans les mois qui viennent, et préserver leur efficacité opérationnelle dans un contexte économique morose. Si la plupart d'entre elles ont renforcé leur solidité financière dans le cadre de Bale III et profitent encore d'une activité dynamique, leurs perspectives paraissent incertaines.
Pis encore, la crise de la dette souveraine et les craintes d’une propagation nourrissent la méfiance à l'égard des banques. Or, les banques, et par extension le crédit, c’est le sang de l'économie. La liquidité étant vitale au fonctionnement de l’économie, la défiance entre les établissements bancaires les pousserait à placer les liquidités à la BCE plutôt que de se prêter entre elles. C’est le scénario noir qui s’est déroulé au lendemain de la faillite de Lehman Brothers. Si les banques européennes ont placé d’avantage de liquidités auprès de la BCE la semaine dernière que d’accoutumée, on est encore très loin des proportions atteintes en pleine crise financière de 2008