Rarement un millésime boursier aura été aussi désastreux. S’il ne fallait retenir qu’un chiffre, qui mesure à lui seul l’ampleur du cauchemar boursier auquel on été confronté les investisseurs, c’est celui-ci : 6 300 milliards de dollars. C’est le montant vertigineux de la capitalisation boursière mondiale qui est partie en fumée au cours de l’année 2011. Une année que les investisseurs préfèreraient oublier…
Les rescapés d’un marasme.
Seulement 3 indices boursiers ont échappé au raz de marée en s’inscrivant en territoire positif sur l’année 2011. Mais ce n’est pas forcément ceux que l’on croit.
Si le Dow Jones signe (de très loin) la meilleure performance mondiale avec un gain de … 5.5% en clôturant le vendredi 30 décembre à 12 217 points. L’Indonésie obtient la médaille d’argent avec un gain de 3.2% sur l’année. Médaille de bronze, les Philippines avec une légère progression de 0.57%. Autre place financière qui s’en sort avec les honneurs au regard de la tempête financière qui l’a frappé au cours de l’année, L’Irlande qui après voir nationalisé son système bancaire au bord de la faillite et reçu une aide financière du FMI et de la BCE clôture l’année à l’équilibre. A comparer au cancre de l’Europe, Athènes dont la capitalisation boursière a fondu de 52%.
Si le 'S&P'500 parvient à tirer son épingle du jeu en affichant par un tour de passe-passe une performance parfaitement nulle en clôturant à 1.257,60Pts contre 1.257,64 au 31/12/2010, le Nasdaq composite se repli de 1.8%, à 2605 points.
L’Asie en chute libre.
Les places financières asiatiques ont perdu un cinquième de leur valeur. En témoigne, la performance du MSCI Pacific qui dégringole de 18% depuis le 1er janvier 2011. A Tokyo, le Nikkei a chuté de 17.3% au cours de l’année. Le séisme, qui a provoqué la catastrophe nucléaire du Fukushima, le renchérissement du yen ou encore l’escalade de la crise de la dette en Europe sont autant d’éléments qui auront sapé le moral des intervenants, laminant ainsi le cours des actions, tant est si bien qu’en se négociant à 8.455,35 points au 30 décembre 2011, le Nikkei retrouve son plus bas niveau depuis celui de 1982.
En matière de microéconomie, la palme des chutes en Asie revient sans conteste à Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima dont le cours a ainsi plongé de 91% cette année, qui pourrait d’ailleurs entraîner la nationalisation temporaire de la société.
Les incertitudes conjoncturelles mondiales, qui s’ajoute à l’angoisse d’une propagation de la crise souveraine au noyau dur de la zone euro n’auront finalement pas épargné le reste des places asiatiques. A Séoul, l'indice Kospi a chuté de 11.9% sur l'ensemble de l'année. La place de Sydney fait mieux, reculant de seulement 9%, signant par ailleurs la moins pire performance de l’ensemble des places asiatiques. Hong Kong plonge de 19.8%, Shanghai affiche un repli de 20.3%.Taiwan abandonne 20.6% mais c’est Bombay qui affiche la pire performance avec un plongeon de 24.2%, tandis que Singapour recule de 13% sur l'année.
L’hécatombe en Europe.
-16.95% à Paris (3159 pts, après avoir touché un record de faiblesse touché à 2696points). -14.7% à Francfort (5898pts). -25.4% à Milan et « seulement » -13.6% à Madrid, alors que Athènes, dont les déboires auront fait la une de l’actualité, signe un décrochage spectaculaire de 52%. Des contre performances qui parlent d’elles même. Seule la City a fait figure de valeur refuge puisque le Footsie enregistre l’une des meilleures performances en Europe avec un repli de seulement 5.5% en clôturant l’année à 5572 points.
Sur le front microéconomique, rarement une année aura été aussi volatile. A la ligne d’arrivée, uniquement 5 valeurs parviennent à tenir le rôle de rescapé d’un millésime qui s’est révélé désastreux.
Si au sein de l’indice SBF 120, c’est le groupe de luxe Hermès international qui remporte la palme des meilleures performances avec un gain de 46%, c’est avant tout parce le titre bénéficie d’un attrait spéculatif dut à l’appétit de son concurrent LVMH.
Plus forte progression du CAC 40, EADS qui s’est envolé de 38.6%, porté par le dynamisme du secteur aéronautique, alors qu’à l’inverse Air France KLM a chuté de 70%. Le secteur parapétrolier, avec Maurel et Prom qui vient compléter le trio de tête au sein du SBF 120 à la faveur d’une progression de 39% et Technip qui affiche un gain de 5.1% sur l’année, ont su tiré leur épingle du jeu.
Le secteur défensif, par définition moins soumis à la conjoncture économique a nettement surperformé la tendance. Sanofi obtient la médaille d’argent avec une progression de 19.52%, suivi de Danone et Air liquide qui réussissent, in extremis, à grappiller quelques cents.
Pour les autres valeurs, l’année 2011 aura été parfois cruelle. Au sein de l'indice SBF 120, certaines chutes sont vertigineuses : plus de 87% pour Dexia. Ou encore -70% pour Technicolor. Derrière, Eramet, Veolia et Pages Jaunes dégringolent de plus de 60%. Parmi les secteurs martyrisés, l’automobile occupe une place de choix. Peugeot signe une chute vertigineuse de 58%, alors que son concurrent Renault plonge de 41%.
Des banques martyrisées
Mais s’il est un secteur que les opérateurs ont massacré cette année, c’est bien celui des bancaires. L’hécatombe est mondiale. Voici le palmarès des performances des bancaires, à faire froid dans le dos. BofA remporte la palme avec une chute vertigineuse de -60.38%, Citi recule de -44.76%, Goldman Sachs abandonne -46.41% Morgan Stanley, -45.24% JPMorgan: -23.03%.
Les performances boursières en Europe, n’ont rien à envier aux américaines. RBS dégringole de -50%, Barclays: -34.32%. Lloyds a fondu de -63.02%, tandis que UBS chute de -29.33% et Deutsche Bank de -28,55%
Les banques françaises figurent évidemment en bonne place avec des replis de 59.57% pour Société Générale, 56% pour le Crédit Agricole, 45% pour Natixis, alors que BNP Paribas s’en tire un peu mieux avec un repli de « seulement » 38%, l’une des moins pires performances au niveau mondial.
Enfin, pour clore le bilan, la palme du parcours le plus chaotique revient à Alcatel-Lucent. Alors qu’elle caracolait en tête du palmarès au premier semestre, affichant une hausse spectaculaire de 80%, la valeur termine l’année 2011 dans le rouge vif, après avoir fondu de 45%.