Cette publication était des plus attendues par le Marché ce jeudi !
Et pour cause, Carrefour est plus coutumier d’annoncer des avertissements sur résultats que de créer une bonne surprise. Finalement, ce n’est ni l’un ni l’autre… Après avoir tenté une brève incursion en territoire positif dans les premiers échanges, le titre du distributeur français perd 2,95% à 16,94 euros.
L’« annus horribilis » 2011 se termine par un chiffre d'affaires de 91,5 milliards d'euros, en croissance de 1,1% par rapport à 2010 en données publiées et de 0,5% hors essence et à changes constants. Sur le seul 4ème trimestre, les ventes ressortent à 24,2 milliards d’euros en retrait de -0,8% à changes constants hors essence. Carrefour manque de peu le consensus de place qui était 24,424 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour le quatrième trimestre 2011, un niveau très proche de celui du précédent millésime.
Redouté par le Marché, le numéro deux mondial de la distribution n'a pas lancé de sixième avertissement sur ses résultats, mais a précisé que son résultat opérationnel courant 2011 serait dans le bas de la fourchette -15 à -20% annoncée précédemment, en comparaison avec 2010 hors Dia, sorti du périmètre.
« Carrefour affiche une légère croissance de ses ventes en 2011 grâce aux marchés émergents, en dépit du ralentissement de la croissance économique qui a davantage affecté les dépenses discrétionnaires au 4ème trimestre », a souligné le président Lars Olofsson, qui précise que le distributeur « concentre tous ses efforts sur l'exécution de son plan d'action en France et en Europe du sud" et entend renforcer son attention "sur une gestion efficace de ses ressources et de ses coûts ».
Dans le détail, le groupe n’est pas parvenu à enrayer l’inexorable baisse des revenus des hypermarchés français alors qu’ils sont le talon d’Achile de Carrefour. Le repli ressort ainsi à -2,3% au 4ème trimestre, et même de -4,7% à magasins comparables hors essence. » La baisse des ventes du quatrième trimestre reflète la baisse des achats discrétionnaires et les premiers effets de notre plan d'action », indique le groupe en guise d’élément d’explication. Globalement, sur une base identique et hors essence, la France accuse une baisse de -2,4% à 10,474 milliards d’euros et l'Europe hors France de -4,3% à 7,17 milliards d’euros. A contrario, les pays émergeants arrivent toujours à tirer leur épingle du jeu, Amérique Latine en tête avec une croissance de 6,8% à 4,53 milliards d’euros et l'Asie de 2,8% à 1,973 milliards d’euros.
Présenté comme la pierre angulaire du redressement de Carrefour, le concept « Carrefour Planet », nouveau format d’hypermarché destiné aux centre-villes sera déployé sur 2012 « de manière pragmatique, pays par pays, en tenant compte des conditions macroéconomiques existantes et sa politique sélective d'allocation des investissements ».
Carrefour revendique 81 « Carrefour Planet » à fin 2011 (dont 31 convertis au 4ème trimestre), « un niveau en ligne avec le calendrier de déploiement communiqué en août dernier » .
Sur le front des analystes, on est moins convaincu à l’image d’Aurel BGC, ce dernier n’étant pas particulièrement très tendre avec le groupe piloté par Lars Olofsson. Le bureau d'études conseille toujours de vendre la valeur sur laquelle son objectif de cours est maintenu à 15 euros après la publication du chiffre d'affaires annuel. « Les chiffres du 4ème trimestre viennent en effet illustrer l'aggravation de la tendance dans la plupart des pays où le groupe est présent » indiquent les analystes d'Aurel BGC.
Le broker est toujours inquiet de la situation de Carrefour et cette publication « n'est pas de nature à changer le sentiment négatif sur la valeur et révèle même de nouveaux points d'inquiétude en Asie » indique Aurel BGC. Il explique que le salut du groupe pourrait peut être venir de « l'arrivée d'un nouveau PDG » et jouer éventuellement « le rôle de catalyseur mais cela ne fera pas disparaître les difficultés actuelles du groupe » ajoute-t-il.
