10 ans après sa création le 1er janvier 1999, l’euro s’est imposé comme une devise de référence sur la scène internationale. Sur les 4000 milliards de dollars échangés quotidiennement sur le Forex, 1/3 portent sur l’euro, toutes parités confondues. Entre ceux qui prédisent l’éclatement de la zone euro, et d’autres experts qui voient l’euro à 1.50 d’ici la fin de l’année, l’opinion n’a jamais été aussi partagée sur le devenir de la monnaie unique.
En 1999, l’euro est devenu la devise officielle de 11 membres de l’union européenne, Aujourd’hui l’Union Monétaire rassemble 16 pays. L’euro est né d’une ambition : réaliser l’intégration monétaire afin de faciliter et préparer l’union politique. Si des critères existaient afin de rentrer dans l’union, les pays adhérant affichaient des profils et des structures économiques différents, ainsi que des aspirations divergentes.
L’Allemagne par exemple, était partisane d’une monnaie forte tandis que d’autres membres tels que la France préféraient un euro faible pour soutenir la compétitivité. En 1999, lors de son lancement, la devise commune s’échange pour la première fois sur les marchés à 1.1837 face au dollar. Une parité issue de la moyenne d’un panier des 11 devises nationales.
Lancée depuis seulement un an, la monnaie touchait un plus bas historique 0.8225 le 24 octobre 2000. Cette évolution défavorable traduisait la conjonction de deux facteurs cumulatifs. L’euro souffrait d’une part d’un déficit de crédibilité, en tant que devise virtuelle, non traitée physiquement et non adossée à un territoire bien défini. D’autre part, le différentiel de taux de croissance entre les USA - 4.5% - et la zone euro - 3% - favorisait les opérations de carry trade sur le dollar, au étriment de l’euro.
A partir de 2002, l’euro devient une monnaie physique, qui tend à prendre une place de plus en plus prépondérante dans les transactions internationales. La BCE, héritière directe de la Bundesbank, a conquis une crédibilité sur les marchés financiers fondée sur son indépendance et mène une politique monétaire commune aux différents membres.
Rapidement la devise européenne devient la deuxième monnaie de réserve dans le monde, loin certes derrière le dollar américain, mais voit sa part croître de 17,9 % à 26,4 % entre 1999 et 2008.
Le 15 juillet 2008, la monnaie unique atteint un sommet historique face au dollar, à 1,6038 dollar pour un euro. Les marchés s'inquiètent de plus en plus de l'état de santé de l'économie américaine et reportent leur appétit sur la monnaie européenne, qui devient la valeur refuge. D’autant plus que BCE n’envisage pas de baisser ses taux d’intérêts. Dès lors, l’écart entre les taux américains et européens est suffisamment conséquent pour créer un effet carry trade, qui incite les investisseurs à acheter de l’euro, plus rémunérateur, au détriment du dollar. Au comble de l’euphorie, certains commentateurs s’autorisent à penser que l’euro va détrôner l’hégémonie du billet vert. Parallèlement, des voix s’élèvent, du côté des politiques et des entreprises. Le cours de la monnaie unique devient problématique, et pénalise fortement les entreprises exportatrices.
En mars 2009, alors que la crise des subprimes menace le système de s’effondrer, Ben Bernanke décide d'acheter des produits adossés au marché de l'immobilier pour soutenir leur valeur et faire baisser les taux. La Fed inonde le marché de liquidités. En conséquence, le dollar s’effondre face aux principales parités. L’euro bénéficie en sus du regain d’appétit pour le risque qui en fait une monnaie de rendement qui va accompagner le rebond des marchés jusqu’en novembre 2009. En mars 2009, l’euro se traite à 1.25. En novembre, L’euro s’est apprécié de 20% pour se négocier à 1.4980.
La crise financière va rattraper cette progression de la plus brutale des façons. En mai 2010, un coup de théâtre finalement bien prévisible survient au sein de la zone euro. La crise grecque frappe de plein fouet. Les spreads sur la dette grecque s’envolent, alimentant les inquiétudes d’une faillite et les risques d’une contagion à l’échelle du vieux continent. Le monde perçoit soudain l’Europe comme une union monétaire sans cohérence ni orientation, incapable de surmonter ses dissensions internes, et menacée d’implosion.