Après 23 mois de gel de son taux directeur au plancher historique de 1%, la BCE est sur le point d’ouvrir la voie sur un resserrement monétaire. Un relèvement d’un quart de point largement anticipé par les marchés depuis un mois, à tel point que le statu quo serait une surprise totale.
Principal argument pour remonter les taux, les pressions inflationnistes en zone euro. Certes, l’inflation dépasse depuis 4 mois la ligne rouge des 2%, pour s’inscrire 2.6% en mars.
Mais l’Europe n’est pas la seule en proie aux pressions inflationnistes. Au Royaume-Uni, à en croire l’indice des prix à la production, l’inflation atteint 5.3% en mars en glissement annuel. Pourtant, la BOE a mis en route son propre programme de quantitative easing à hauteur de 200 milliards de livres, soit environ 14% du PIB britannique afin de soutenir la reprise économique.
En réponse à la catastrophe japonaise, la Banque du Japon a doublé son programme d'achat d'actifs, et va injecter sous forme de prêts à 0.1% 12 milliards de dollars pour maintenir à flot le système bancaire et soutenir les secteurs ravagés après le séisme.
Quant à la FED, Ben Bernanke continue de marteler que l’inflation n’est qu’un phénomène temporaire et transitoire, bien que les prix à la production ont atteint 5.8% en février en rythme annualisé.
Et pourtant, c’est bien la BCE pionnière des banques centrales du G7 qui relèvera la première ses taux, pour s’inscrire ainsi à 1.25%. La BCE fait cavalier seul en optant pour le resserrement monétaire qui a porté l’euro au plus haut, de 1.39 lors de la précédente réunion à 1.43 aujourd’hui.
Une politique monétaire qui n’est pas sans conséquence pour une zone monétaire aussi éclectique, et qui met un peu plus sous pression les pays fragiles de la zone euro. Ironie du sort, le Portugal a d’ailleurs sollicité une aide financière de 80 milliards d’euros auprès du FESF et du FMI.