Le Portugal s’est finalement résolu à solliciter une aide financière à l’Union Européenne et au FMI. Après la Grèce, puis l’Irlande, le Portugal, n’a pas résisté à la pression des marchés et obtiendra d’ici juin une enveloppe de 70 à 85 milliards d’euros.
Car le temps presse. Etranglé par des taux à 5 ans qui atteignent 9.795%, un CDS à 5 ans qui atteint 552 points (contre 91 en janvier 2010), Lisbonne aurait eu beaucoup de difficultés à honorer ses échéances, notamment deux lignes de crédit, d’un montant total de 9 milliards à rembourser d’ici le 6 juin.
D’autant plus que le Portugal traverse une crise politique majeure. Fait inédit, les candidats à l’élection présidentielle ne proposeront pas de projet économique puisque ce dernier sera imposé par le FMI, la commission européenne et la BCE. Un programme placé sous le signe de l’austérité, qui sera plus sévère que celui proposé par le gouvernement Socrates, rejeté par le parlement.
Pourtant, en moins d’un an, le Portugal a déjà subi 3 cures d’austérité. Le gouvernement a réalisé 5 milliards d’euros de coupes budgétaires qui passent par une baisse des salaires des fonctionnaires, le gel des retraites et des embauches, une baisse des dépenses sociales et de santé, une diminution des prestations chômage, une hausse de la TVA à 23%.
Trois plans de sauvetage en zone euro, qui apportent les mêmes remèdes, pour trois crises différentes. Car les racines de la crise de défiance qui ont frappé la Grèce, puis l’Irlande, et maintenant le Portugal, sont structurellement différentes. En Grèce, c’est une crise des finances publiques, les comptes étaient d’abord maquillés, puis catastrophiques. En Irlande, c’est une crise du secteur bancaire, les banques ont poussé l’Etat au bord de la faillite et non l’inverse.
Au Portugal, on ne peut pas vraiment parler d’une crise des finances publiques, ni du secteur bancaire. D’ailleurs, ses niveaux d’endettement se situent dans la moyenne de la zone euro. Le déficit et la dette publique ne sont pas significativement plus élevés de ceux de l’Italie ou de la France. Pour preuve, le déficit public Portugais atteint 8.6% en 2010, contre 8.2% pour la France. La dette publique portugaise s’inscrit à 84.1% du Pib. En France, elle culmine à 87.1% du Pib.
La défiance des marchés vis-à-vis du Portugal puise sa source dans des perspectives de croissance moroses. Et c’est là toute la différence, les recettes fiscales dépendent de l’activité économique. Après avoir subi de plein fouet deux années de récession, l’économie portugaise ne parvient pas à redémarrer. Pour 2011 et 2012, les perspectives de croissance s’annoncent faibles : le Pib devrait croitre de 1.2% en 2011, contre une moyenne de 3% pour les pays du G7 selon les prévisions de l’OCDE.
S’y ajoute des déséquilibres structurels qui datent de bien avant la crise. Le Portugal souffre notamment d’un déficit abyssal de la balance des paiements, d’un problème de compétitivité chronique qui fragilise le secteur de l’industrie, les exportations et s’accompagnent d’un taux de chômage élevé qui ne parvient pas à passer sous le seuil des 11%.