La démission de Dominique Strauss-Kahn de la tête du Fonds monétaire international étant acquise, les discussions s'intensifient sur sa succession. Timothy Geithner, le secrétaire américain au trésor, avait enfoncé le clou mardi à New York estimant que DSK « n’est évidemment plus en mesure de diriger le Fonds ». L’actuel numéro deux de l’institution, l’américain John Lipsky, n’assurant ces fonctions de façon intérimaire, il devient urgent pour le Fmi de se doter d’une direction permanente à un tournant crucial dans la gestion de la crise des dettes souveraines. Le bras de fer entre l’Europe et les pays émergents pour placer l’un des leurs à la tête de l’institution a bel et bien commencé. Partout, les candidatures bourgeonnent.
Déjà avant l’arrestation de DSK, l’idée d’un nouveau chef du Fonds issu d’un pays émergent avait tracé son sillon dans la continuité de la réforme de gouvernance qui visait à mieux représenter les pays émergents.
Si historiquement, la tête pensante de la banque mondiale est américaine, tandis que le Fmi est dirigé par un européen, Washington aura tout de même son mot à dire. On murmure même que les Etats-Unis pousseraient à la nomination de David Lipton, ancien secrétaire au trésor adjoint et conseiller économique à la Maison Blanche.
Le débat promet d’être houleux, à mesure que les prétendants se bousculent au portillon. Hier, candidat au Fmi le ministre des finances sud-africain, Pravin Gordhan a fait savoir que le prochain directeur général du Fmi doit venir d’un pays émergent pour mieux refléter le basculement du centre de gravité de l’économie mondiale. Une opinion partagée par l’empire du milieu qui par la voix de son gouverneur de la banque centrale précise que "La composition de l'équipe de direction devrait mieux refléter les changements dans les évolutions économiques mondiales. » Les candidats les mieux placés seraient Augustin Carstens, gouverneur de la banque centrale du Mexique, l’indien Montek Singh Ahluwalia, vice président de la commission indienne de planification, et le singapourien Tharman Shanmugaratnam, ancien ministre des finances.
Mais l’Europe n’a pas dit son dernier mot. La chancelière allemande Angela Merkel, a affirmé « que dans la période actuelle, il y a de bonnes raisons pour l’Europe d’avoir des candidats prêts à occuper cette fonction ». Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, va dans le sens de la chancelière. Il souhaite "un candidat européen fort et compétent, informé au mieux des spécificités de l’Europe et des questions monétaires" pour succéder à Dominique Strauss-Kahn. Sur le vieux continent, on évoque comme prétendant l’ancien ministre turc de l‘économie, Kemal Dervis, ou encore Christine Lagarde, l’actuelle ministre de l’économie. Une candidature française est toutefois handicapée par une possible procédure judiciaire pour « abus d'autorité » quant au rôle de la ministre dans le choix d'une procédure amiable pour régler le différend entre l'homme d'affaires Bernard Tapie et l'ex-Crédit lyonnais. L'ex-président de la Bundesbank allemande Axel Weber et le président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Thomas Mirow, font également parti des prétendants à la succession de DSK. En attendant, c’est un américain, M.Lipsky, qui se rendra à Deauville les 26 et 27 mai prochain à l’occasion le sommet des chefs d’Etats et de gouvernements du G8.