"La capacité des autorités grecques à appliquer leurs mesures, face à des risques politiques et techniques croissants, est de plus en plus sujette à caution" avertit Fitch. La réunion des secrétaires d'Etat aux Finances de la zone euro, dont l’objet portera sur la situation financière de la Grèce, ne pouvait pas mieux tomber. Selon le ministre grec des finances, Georges Papaconstantinou, la Grèce table désormais sur un feu vert pour le versement de la cinquième tranche du prêt, de 12 milliards d'euros, afin d'honorer ses besoins immédiats. Mais la question de l'après se pose, et la cacophonie qui s’est fait jour entre Bruxelles, Berlin, Paris ou Athènes n'a guère dégagé l'horizon.
Officiellement, d'éventuelles nouvelles aides pourraient être apportées au pays, sur la base du "projet" de rapport de la "Troïka", constituée de la Banque centrale européenne, du Fonds monétaire international et de la Commission européenne.
Mais dans les coulisses, Bruxelles élabore en urgence un deuxième plan de sauvetage pour la république hellénique afin de s’assurer l’appui du FMI pour le versement de la prochaine tranche d’aide prévue en juin, et ainsi d’éviter à un membre de la zone euro de faire faillite. Le nouveau plan d’aide, estimé à 65 milliards devrait lui permettre de réduire ses déficits publics et sa dette de 327 milliards, soit 150% du PIB Car Athènes, malgré un plan de sauvetage de 110 milliards octroyé l’an dernier, sera incapable de se financer sur les marchés en 2012 comme prévu. Le FMI quant à lui a mis sur Athènes et la commission européenne, avertissant qu’il pourrait décider de suspendre sa contribution financière à la prochaine tranche d’aide s’il n’a pas l’assurance que les pays européens tiendront leurs engagements.
En échange, Athènes devra vraisemblablement fournir de nouveaux efforts considérables pour redresser ses finances publiques, afin de solliciter sous une forme ou une autre une nouvelle aide de ses partenaires.
L'Allemagne quant à elle aurait jeté l’éponge et renoncerait à militer pour un rééchelonnement de la dette grecque afin de faciliter la mise en place d'un nouveau plan d'aide au pays. Ayant perdu espoir de parvenir rapidement à un allongement de la maturité de la dette grecque, qui était son option préférée, Berlin serait résolu à accepter un nouveau prêt à la Grèce sans que les détenteurs d'obligations soient contraints de partager le fardeau.
La décision de l’Allemagne a deux impacts sur le marché. Premièrement, elle apaise considérablement les tensions sur la crise des dettes souveraines. Le 2 ans grec est repassé sous le seuil fatidique des 25% à 24.7% Le spread sur le 2 ans grec avec l’Allemagne s’est considérablement détendu, de 89 points de base, à 2305 points. Une accalmie sur le marché obligataire qui fait d’ailleurs tache d’huile sur l’ensemble des pays susceptibles d’être dans le viseur des marchés. Ainsi, l’Irlande voit son spread se réduire de 4pdb, l’Italie de 11 pdb. Idem pour le Portugal dont le spread avec l’Allemagne se réduit de 49 pdb et de 8 pdb pour l’Espagne. Seconde conséquence, l’euro a grimpé en flèche, propulsé au-delà des 1.44 pour s’échanger actuellement à 1.4415 face au billet vert. La monnaie unique grimpe de 0.96% face au franc suisse et 1.1% face au yen.