Les marchés, Etats, agences de notation, bref, l’intelligentsia de la finance a pris l’habitude d’admirer les performances du modèle économique chinois. Assis sur des montagnes de réserves, dégagées par ses excédents commerciaux (4 000 milliards de dollars), l’empire du milieu est un modèle sur le plan économique. Ses réserves de changes sont sans commune mesure avec les pays développées, à pâlir d’envie l’Allemagne. Portée par une croissance effrénée depuis 10 ans qui l’a propulsé à la deuxième place sur le podium des puissances économique mondiale, un endettement public qui tourne autour de 20%, les européens, avec leur croissance molle et leur 100% de dette publique, passent pour les canards boiteux de l’économie mondiale.
Sauf que, la masse monétaire chinoise a été multipliée par deux en l’espace de quatre ans. Mais le plus inquiétant, qui pose le problème d’un risque systématique de nature à déstabiliser la finance mondiale, c’est l’ensemble des crédits bancaires qui représente environ 150% du Produit intérieur Brut.
La politique monétaire chinoise, ultra accommodante, a maintenu à des niveaux artificiellement bas la rémunération des dépôts d’épargne dans l’optique de financer de grands projets d’infrastructures, des projets immobiliers. Mais la surchauffe de l’économie, la bulle immobilière et une gouvernance d’entreprises pour le moins opaque ont permis aux créances douteuses de proliférer selon le cabinet Ernst & Young.
Standard&Poor ‘s fait le même constat « Les banques chinoises sont confrontées à une augmentation de leurs créances douteuses en raison d'un ralentissement de la croissance économique et des difficultés des gouvernements locaux à rembourser leurs dette », a averti l'agence de notation. Si 30% de ces prêts s'avèrent douteux, cela entraînera une augmentation de 4 à 6 points de pourcentage -- soit l'équivalent de 400 milliards de dollars. Un montant qui n’est pas négligeable quand on voit comment la Grèce et ses 350 milliards d’euros font trembler les marchés.