Confusion et cacophonie sont les maitres mots des dirigeants européens lorsqu’il s’agit de formuler des propositions pour endiguer la crise de la dette européenne.
Alors que la proposition d'émettre des euro-obligations, qui entraîneraient la création d'une dette commune à l'ensemble de la zone, est apparue comme la seule possibilité restaurer la confiance dans les marchés obligataires de la région et de soutenir l'euro, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a déclaré à la télévision belge que les membres de la zone euro ne pourraient envisager de remplacer la dette nationale par une dette collective qu'après avoir homogénéisé leurs politiques fiscales.
"La convergence budgétaire n'est pas suffisante", a-t-il souligné, rejoignant les points de vue français et allemand.
La chancelière allemande Angela Merkel a confirmé haut et fort qu'elle s'opposait à la création d'obligations communes aux pays de la zone euro, proposée par le gouvernement italien et d'autres gouvernements de la région. Jugé trop lourd pour les contribuables, cette intégration économique augmenterait les charges financières du pays, dont la dette serait mise en commun avec celle de pays moins bien notés en tant qu'emprunteurs. Selon Wolfgang Schaüble "La première année cela signifierait 2,5 Milliards d'euros d'intérêts en plus pour le budget du ministre des Finances, et la seconde année les coûts seraient deux fois plus élevés. Au bout de 10 ans, le coût total serait de 20 à 25 milliards d'euros, selon les calculs du ministère des Finances
Les eurobunds impliquent une solidarité verticale entre les membres de la zone euro, entre les pays jugés les plus solides et les plus endettés.
L'Europe est une économie de 13 000 milliards de dollars. Si on choisit de collectiviser la dette des divers gouvernements nationaux, celle-ci s'élève à environ 87% du PIB. C'est un chiffre important. Mais le seuil de 90%, désigné par Rogoff et Reinhart comme étant le moment où la dette commence à être un handicap pour l'économie, n'est pas encore atteint. Et les déficits fiscaux cumulés ne sont que de 4,4% du PIB. Mutualisés, la dette et le déficits européens sont nettement moins élevés que celle des Etats-Unis, ou du Japon. Exprimer en pourcentages de l'économie européenne, les problèmes de l'Italie et de l'Espagne seraient considérablement minimisés. C'est un tour de passe-passe, mais cela permettrait de lutter efficacement contre la spéculation.