La crise souveraine pousse l’Europe au pied du mur. A la croisée des chemins, la zone euro doit choisir entre deux voies diamétralement opposées. Laisser la zone euro implosée d’elle même, ou choisir le chemin d’une intégration économique renforcée
Selon Barroso, il n’y a qu’une seule voie possible. « Il ne fait aucun doute que l’Europe sortira plus forte de cette crise. Ceux qui pensent que l’euro va exploser ne sont pas conscients des dynamiques internes de la zone euro. A chaque fois que l’Europe a été confrontée à une crise, nous avons pris le chemin d’une intégration renforcée.»
Un constat partagé par le ministre des Finances allemand Wolfgang Schaeuble qui a souligné la nécessité de renforcer l'union politique pour soutenir l'euro puisqu’ « avoir une union monétaire signifie également avoir une union politique permanente »
"Avoir une monnaie commune est dans notre intérêt", a déclaré le ministre, tout en prenant soin de rappeler « qu'il était important que le Parlement allemand parvienne à un accord compte tenu des problèmes des autres pays, y compris des problèmes de déficit des Etats-Unis ».
Intégration économique oui, mais elle ne doit pas se substituer à la responsabilité des Etats a ainsi nuancé W. Schaeuble alors que la Cour constitutionnelle allemande a estimé que le Parlement allemand devait avoir davantage son mot à dire sur les futurs plans de sauvetage de la zone euro, qui devront être approuvés par sa commission budgétaire.
"Nous pouvons aider la Grèce mais nous ne pouvons pas sauver la Grèce et, au bout du compte, c'est à la Grèce elle-même de décider si elle peut satisfaire" les exigences de l'Union européenne pour réviser son budget et recevoir une nouvelle aide. Le ministre des Finances a en outre indiqué que l'Allemagne était prête à apporter des fonds pour aider la Grèce, mais que les pays croulant sous la dette devaient "également apprendre à s'aider eux-mêmes".
"Nous pouvons aider les Etats-membres à gagner du temps pour résoudre leurs problèmes, mais l'origine de ces problèmes ne peut être résolue que par les Etats membres eux-mêmes", a-t-il observé.
Au sujet du plan de sauvetage, le ministre des finances persiste et signe : "Nous ne verserons de [nouvelles] tranches d'aide à la Grèce que lorsque la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international et la Commission européenne jugeront que ces exigences sont satisfaites, a expliqué le ministre allemand. "Tant que la Grèce ne respectera pas cela", elle ne recevra pas de nouvelle aide, a-t-il poursuivi.
Entre la souveraineté des Etats, qui suppose une part de responsabilité et donc d’en assumer les conséquences, et la gouvernance économique renforcée, où la solidarité prime sur le reste, le processus politique d’une intégration européenne n’en n’est qu’à ses prémisses. Mais la crise souveraine aura eu le mérite de déclencher une prise de conscience politique en soulignant les conséquences potentiellement dévastatrices d’une union monétaire sans politique économique commune.