Dexia subit une descente aux enfers. Le titre qui a fondu de 64% depuis le début de l’année plonge de 25% ce mardi matin. Son cours sombre sous le seuil des 1 euro, à 0.98 cts, après que le conseil d'administration de la banque franco-belge ait déclaré que le vaste portefeuille d'actifs "non stratégiques" de la banque pesait structurellement sur le groupe, ce qui présage une scission.
Depuis la semaine dernière, Fitch et Moody's ont tiré la sonnette d'alarme, craignant que Dexia ne soit confrontée une grave crise de liquidité avec l’intensification de la crise souveraine.
Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion d'urgence à Bruxelles qui a duré plus de cinq heures, le conseil d'administration charge l'administrateur délégué de la banque, Pierre Mariani, de "préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre les problèmes structurels qui pénalisent les activités opérationnelles du groupe", ce qui suggère que Dexia se prépare à isoler ses actifs gérés en extinction.
Car avec l’intensification de la crise souveraine, la banque est confrontée à une crise massive de liquidité, et se retrouve contrainte de mobiliser des montants très élevés d'actifs comme garanties collatéral, ce qui plombe ses autres activités, pourtant de bonne qualité.
Dans ce contexte difficile, Dexia a indiqué que ces actifs non stratégiques, ou " legacy assets" - qui incluent selon les analystes un vaste portefeuille de prêts accordés avant la crise financière de 2008 à des collectivités locales de différents pays - "pèsent structurellement sur le groupe". Le portefeuille obligataire de Dexia, qui frôle les 100 Milliards d'Euros, serait placé dans une structure de 'défaisance' (« bad bank »)
La structure de cantonnement prévue devrait bénéficier de la garantie des Etats français et belges, actionnaires du groupe : "les Etats actionnaires ont confirmé leur volonté de soutenir le Groupe Dexia, pour qu'il puisse mettre en œuvre ces différentes mesures de façon ordonnée et dans les meilleures conditions", précise le communiqué de la banque.
Le portefeuille de prêts aux collectivités locales françaises va ainsi être repris par une entité détenue par la Caisse des dépôts et La Banque postale. En clair, Dexia sortirait de son bilan environ 80 milliards d'euros d'actifs, essentiellement des prêts aux collectivités françaises, pour les transférer à la nouvelle entité.
Après avoir été recapitalisée à hauteur de 6,4 milliards d'euros en octobre 2008, en pleine crise financière, les Etats actionnaires, c'est-à-dire la France, le Luxembourg, la Belgique et des autorités régionales belges, ont également "confirmé leur volonté de soutenir le Groupe Dexia, pour qu'il puisse mettre en œuvre ces différentes mesures de façon ordonnée et dans les meilleures conditions", indique le communiqué.