La France s'apprête à réviser sa prévision de croissance pour 2012, aujourd’hui encore fixée à 1,75% du PIB, mais qui semble aux yeux des économistes comme inatteignables.
Alors que Moody’s a envoyé un premier avertissement à la France, Paris ne peut tout simplement plus se permettre d’afficher des anticipations décorrelées de la réalité, qui nuit à sa crédibilité sur les marchés financiers.
L’Allemagne s’est livrée à ce douloureux exercice la veille en abaissant très nettement sa prévision de croissance pour l'an prochain, citant une augmentation des risques en provenance de l'étranger.
Pour 2012, Berlin table désormais sur une croissance de 1% du produit intérieur brut, contre une précédente prévision de 1,8%. A titre de comparaison, les 1.75% de projection de croissance pour la France n’ont plus de crédibilité. Si le gouvernement table officieusement sur une croissance de 1.5% en 2012, François Baroin a du se résoudre à évoquer le risque que la croissance soit inférieure à 1.5%. Or, réviser la croissance rend de facto caduc le projet de budget pour 2012, sachant qu’une baisse de 0.5 point de croissance nécessite 5 milliards de réductions budgétaires. Dans ce contexte, la France ne pourra pas faire l’économie d’un second plan d’austérité afin de rassurer les agences de notation et les marchés quant à sa capacité à atteindre ses objectifs de réduction des déficits qui prévoit de ramener le déficit public à 4.5% en 2012.
Paris, plus que jamais, doit être crédible. Car les agences de notation, elles ne chôment pas. Après Moody’s, Standard & Poor's s'inquiète à son tour de la qualité de crédit de plusieurs pays européens, dont la France. L’agence fait savoir qu'elle envisageait de dégrader les notes des dettes souveraines de la France, de l'Espagne, de l'Italie, de l'Irlande et du Portugal en cas de nouvelle récession. La pression s’intensifie sur l’hexagone, alors que le climat des affaires a continue de se détériorer en octobre. L’indice qui synthétise la confiance des chefs d’entreprise dans l’économie française tombe à 97 contre 99 en septembre et 98 attendu.