Les sages de la Réserve fédérale sont sur le point d'abaisser leurs prévisions pour l'économie américaine, une révision qui devrait alimenter le débat sur les mesures que devrait prendre ou non la banque centrale pour relancer la croissance.
Si le maintien du taux directeur à quasi zéro jusqu’à mi 2013ne laisse guère de place au doute, les marchés attendent des précisions sur les mesures d’assouplissement quantitatif, plus précisément sur l’opération « twist » censée faire baisser les taux à long terme.
Malgré un ISM décevant dévoilé la veille, les représentants de la Fed ne semblent pas disposés à agir de manière plus radicale pour le moment. La réunion de politique monétaire, qui se termine ce mercredi, sera davantage consacrer aux différents scénarios qui se profilent et des mesures qu'ils pourraient adopter si l'économie vacillait à nouveau, comme ce fut le cas cet été.
En revanche, les nouvelles projections économiques de la Fed, qui seront publiées après la réunion, seront scrutées à la loupe par les marchés financiers. A l’instar de la zone euro, la Fed devrait abaisser leurs prévisions de croissance jusqu'en 2013, et tabler sur un taux de chômage toujours élevé - éventuellement supérieur à 7% - jusqu'en 2014. Cependant, l'inflation ne devrait pas être considérée comme un problème majeur pour les années qui viennent.
La morosité de ces perspectives et la faiblesse des tensions inflationnistes devraient normalement inciter la Fed à agir, or les taux d'intérêt sont déjà très bas, et plusieurs des banquiers de la Fed, y compris son président Ben Bernanke, estiment que c'est au Congrès et à la Maison-Blanche de faire des efforts pour relancer l'économie.
En juin, la Fed tablait sur une croissance du produit intérieur brut des Etats-Unis d'environ 2,8% cette année, de 3,5% en 2012 et de 3,9% en 2013. Ces prévisions sont bien supérieures à ce qu'attendent maintenant la plupart des économistes et apparaissent de plus en plus comme irréalistes. Selon une enquête réalisée en octobre par le Wall Street Journal, les économistes prévoient une croissance de 1,5% cette année, de 2,3% en 2012 et de 2,7% en 2013, nettement en deça des projections de la banque centrale.
Quant au taux de chômage, qui s'élève actuellement à 9,1%, il devrait selon eux diminuer à 8,7% à la fin 2012 et à 8,2% à la fin 2013. La encore, les prévisions actuelles de la Fed sont nettement plus optimistes. La banque centrale table sur un taux de chômage de 8,4% en 2012 et de 7,8% en 2013. L’enquête ADP publiée aujourd’hui en début d’après midi qui dévoile le nombre de création d’emplois dans le secteur privé donnera une indication aux marchés sur la vigueur du marché de l’emploi dans le secteur privé. Mais les créations de postes dans le secteur privé qui tournent autour de 100 000 créations restent très insuffisantes pour faire refluer le taux de chômage sous la barre des 9%.