« Le fait que la zone euro n'arrive pas à mettre un terme à la crise de la dette et du secteur bancaire qui sévit dans la région ne justifie pas d'outrepasser ou d'étendre le mandat de la Banque centrale européenne », a déclaré vendredi Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE et par ailleurs président de la très orthodoxe Bundesbank.
Le faucon n’en démord pas, il est hors de question que le BCE joue le rôle de prêteur en dernier ressort : "Les coûts économiques d'un financement monétaire des dettes et déficits publics sont supérieur aux avantages. Il est donc clair que cela n'aidera pas à stabiliser la situation actuelle de manière durable »
Le président de la Bundesbank réaffirme ainsi la position de la BCE selon laquelle son mandat de maintien de la stabilité des prix ne doit pas être remis en cause par des mesures non conventionnelles telles que l'achat illimité d'emprunts d'Etat.
Il rejoint ainsi l’analyse de José Manuel Gonzalez-Paramo, l'un des membres du directoire de la BCE, qui considère que l'assouplissement quantitatif, comme a pu le faire fait la Réserve fédérale américaine, n'est pas envisageable en Europe. (Ce type de programme permet à la Fed d'acheter des obligations du Trésor américain afin de faire baisser les taux long aux Etats-Unis lorsque les taux directeurs sont déjà proches de zéro).
« La Banque centrale européenne doit se concentrer sur son mandat, qui est de maintenir la stabilité des prix, et ne peut pas agir en tant que prêteur de dernier recours pour les gouvernements européens. »
Une fin de non recevoir pour ceux qui prônent une intervention plus directe de la BCE qui la perçoive comme la seule institution capable de ramener le calme sur les marchés de la dette souveraine en procédant à des achats massifs d'obligations d'Etat.
En référence aux commentaires du président de la BCE, Mario Draghi qui commence à perdre patience, se demandant "Où en est l'application de ces décisions prises il y a déjà longtemps? Il ne faut pas que nous attendions plus longtemps", Jens Weidmann a exhorter les gouvernements à mettre en œuvre les mesures déjà décidées pour combattre la crise.
Le président de la Bundesbank a également suggéré que « le succès de l'Allemagne puisse servir de modèle pour la zone euro, à un moment où certains membres du bloc ont du mal à mener des réformes structurelles ».
"Il pourrait être rassurant d'examiner l'expérience allemande car elle illustre la manière dont les réformes finissent par payer", a observé le président de la banque centrale allemande. "L'Allemagne pourrait servir d'ancre de stabilité pour l'union monétaire"a-t-il conclut.