Pour la troisième fois en un an, la classe politique américaine va démontrer son incapacité à s'entendre sur l'immense défi que représente la réduction de la dette américaine.
Alors que la dette américaine a atteint le montant himalayen de 15 000 milliards de dollars, la commission spéciale du Congrès américain, formée de six démocrates et six républicains, a confirmé hier l'échec des discussions pour la réduction du déficit public. L’Amérique revit ainsi le même scénario qu'au milieu de l'été, et se trouve dans l’incapacité de dégager un consensus en raison des mêmes blocages politiques, En pleine période pré-électorale, démocrates et républicains se rejette la responsabilité de l'échec.
"Après des mois de travail acharné et de délibérations intenses, nous sommes arrivés aujourd'hui à la conclusion qu'aucun accord bipartisan ne sera en mesure d'être annoncé avant la date limite du comité", annoncent dans un communiqué commun ses deux co-présidents, Jeb Hensarling, élu républicain à la Chambre des représentants, et Patty Murray, sénatrice démocrate.
Les républicains et démocrates continuent de s’opposer frontalement sur le terrain de l’idéologie. Les démocrates prônent une augmentation des recettes fiscales qui passerait par une hausse significative des impôts, notamment pour les riches. Les républicains, qui avaient accepté de revenir sur leur refus de principe de toute hausse des impôts, demandaient en revanche une refonte fondamentale des programmes de sécurité sociale, dont Medicare, une des mesures emblématiques de la politique conduite par Obama .
En l’absence d’accord, et comme le prévoit l'accord trouvé le 31 juillet sur le relèvement du plafond de la dette, un mécanisme automatique de réduction de 1.200 milliards de dollars de dépenses devrait donc se mettre en place à partir de 2013. Ces réductions automatiques doivent frapper à parts égales les programmes civils et militaires, au grand dam des républicains qui s’opposent fortement à la réduction des budgets militaires sensés réduire de 600 milliards de dollars sur dix les dépenses publiques.
Cet échec est du plus mauvais effet après des observateurs. Dans l'immédiat, les agences de notation Standard & Poor's et Moody's ont fait savoir que la note de crédit américaine e serait pas affectée par l'échec de ces discussions. Mais ce statu quo laisse penser puisqu'aucune initiative d'envergure ne sera prise en matière de réduction des déficits avant l'élection présidentielle de 2012. Fitch, quant à elle a souligné qu'elle pourrait revoir ses perspectives sur le maintien de sa note AAA attribuée aux Etats-Unis. Elle rappelle dans un communiqué qu'elle avait prévenu en août qu'"un échec du super comité à parvenir à un accord aurait probablement un résultat négatif sur la notation". La perspective du triple A de la première puissance économique mondiale pourrait ainsi passer négative.