Aux yeux de nombreux investisseurs, le meilleur moyen de circonscrire la propagation de la crise souveraine à court-terme passe par la planche à billets, c’est-à-dire l’augmentation des rachats d'obligations d'Etat, afin de soulager le marché obligataire.
Mais l’Allemagne s’obstine férocement à refuser l’idée d’une intervention massive de la BCE. En effet, selon Jürgen Stark, le financement à grande échelle des Etats par les banques centrales s'est dans le passé toujours traduit par une hausse de l'inflation. Selon le membre du directoire de la BCE, l’inflation ne doit pas être prise à la légère car une fois que la spirale inflationniste s’est enclenchée, il est très difficile de revenir en arrière.
D’ailleurs, l'idée que la BCE puisse viser un taux d'inflation de 4% à 5% au lieu de 2% est "fondamentalement mauvaise", car il serait très difficile de revenir en arrière après avoir effectué une telle démarche, a souligné Jürgen Stark.
Si les rachats d'obligations de la BCE ne créent pas d'inflation sur le court terme, c’est parce que les liquidités créées sont retirées lors des opérations de dépôt hebdomadaires de la banque centrale, a souligné Jürgen Stark. « Mais ce n'est pas le travail de la banque centrale que d'influer sur les taux d'intérêt payés par les pays pour emprunter », prenait soin ainsi de rappeler l’indépendance de la BCE.
La décision de la BCE de répondre à la totalité des demandes des banques lors de ses opérations de refinancement "ne crée pas d'inflation actuellement car les banques sont très réticentes à prêter", mais "ce ne sera plus le cas lorsque l'économie se redressera", a souligné Jürgen Stark au journal allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.
Par conséquent, une fois que l'économie de la zone euro sera sur la voie de la reprise « la BCE devra rapidement retirer ses mesures exceptionnelles d'octroi de liquidités, afin d'éviter une envolée de l’inflation.»
Interrogé sur le peu de succès rencontré par l'émission de Bunds à 10 ans de l'Allemagne la semaine dernière, le banquier central a répondu qu'il n'y avait "pas de raison de dramatiser ces difficultés", e taux d'intérêt offert étant inférieur à l'inflation.
Le banquier central a cependant indiqué qu'il n'était pas surpris que les taux d'intérêt sur les obligations d'Etat de la France augmentent. "Le pays a un déficit public de plus de 5%, sa dette augmente et les responsables politiques n'agissent que lentement".
Alors que le scénario d’une implosion de la zone euro est de plus en plus évoqué, Jürgen Stark estime au contraire que l'euro existera "certainement" encore dans 10 ans, avec sans doute plus de pays dans l'union monétaire qu'aujourd'hui.