Les échanges ont été vifs selon Mario Draghi quant à savoir s’il fallait ou non baisser les taux directeurs. C’est désormais chose faite, avec un abaissement de 25 points de base qui ramène le principal taux directeur à 1%.
Les perspectives économiques étant soumises à une forte incertitude, il fallait donner un coup de pouce à une économie menacée de basculer en récession. Et ce d’autant plus que les perspectives d'inflation sont globalement stables, ce qui signifie que la probabilité d'une déflation n'est pas très élevée. Si la croissance devrait progresser de 1,5% à 1,7% en 2011, elle sera très certainement pénalisée par la faiblesse de la demande mondiale en 2012. La BCE n’exclut pas d’ailleurs une période de récession puisque qu’elle table sur une croissance qui serait comprise entre -0,4% et 1% en 2012, contre des projections de 0,4% à 2,2% en septembre.
La reprise sera encore timide en 2013 avec une croissance de 0,3% à 2,3% signe que de « véritables risques de dégradation des perspectives économiques existent. »
L’inflation quant à elle est attendue entre 2,6% et 2,8% en 2011 avant de revenir autour des 2% l’an prochain, entre 1,5% et 2,5% en 2012 selon ces projections.
Face au spectre d’une récession, qui s’ajoute à des turbulences sur le marché inter bancaire, la BCE a décidé d’adopter de nouvelles mesures exceptionnelles. Elle va notamment mener 2 opérations de refinancement à 36 mois et acceptera les ABS notés triple A comme collatéraux pour garantir la liquidité sur le marché.
Les nouveaux prêts seront à taux fixe, et les montants illimités. « Ces mesures sont conçues pour garantir la liquidité du système bancaire et apaiser les tensions sur le financement des règles. « Ces nouvelle règles sur les collatéraux aideront les banques à se refinancer car elles doivent lever des capitaux, pas restreindre le crédit »
Enfin dernier volet du discours qui concerne la gouvernance économique. Il a d’abord pris soin de préciser qu’il respectera, comme son prédécesseur, les traités qui lui interdisent de financer les gouvernements européens. Quant au programme d'achat d'obligations sur le marché secondaire, « il n'est ni infini ni éternel ».
Rappelant que le pouvoir de décision est entre les mains des dirigeants européens, le gouverneur de la banque centrale a exhorté les pays de la zone euro à appliquer rapidement les réformes structurelles dans la mesure où tous les pays de la zone euro doivent œuvrer pour la stabilité financière. Selon Draghi, 3 piliers sont possibles au niveau budgétaire : « le 1er pilier comprend la compétitivité budgétaire, la croissance et l'emploi, le 2ème pilier comprend les règles sur le niveau des dettes
et le 3ème pilier comprend un mécanisme de stabilisation »
Le manque de confiance qui provient selon Mario Draghi des piliers 1 et 2 montre à quel point il est crucial que le sommet tienne ses promesses car « la situation budgétaire n'est pas supportable, c’est pourquoi une consolidation budgétaire est inévitable. »
Reste un point qui puisse restaurer la confiance selon le gouverneur. « Si l'UE fait de vrais progrès sur un nouveau traité, alors la confiance reviendra à condition qu’ils garantissent la préservation des règles de stabilité ».
Reste deux phrases énigmatiques lancées par Mario Dragui, libre à chacun de l’interpréter comme il l’entend. La première nous laisse perplexe : « la BCE se préparera pour que le FESF puisse intervenir sur le marché obligataire »
Doit-on comprendre que la BCE pourra fournir des liquidités au FESf pour qu’il puisse financer la dette des Etats ? Rien n’est moins sur.
La seconde, plus facile à interpréter dit que « la BCE n'est pas membre du FMI » ce qui laisse penser que le FMI ne pourra pas se financer auprès de la BCE pour se porter se au secours de la zone euro.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. L'euro, qui avait atteint un point haut à 1,3460 dollar après l'annonce par la BCE de mesures non conventionnelles pour apaiser les tensions sur le marché interbancaire, est ensuite tombé à ses plus bas niveaux de la séance en deçà de 1,3320dollar. La monnaie unique a glissé à ses plus bas niveaux de la séance face aux autres grandes devises.
Quant aux marchés, nervosité, fébrilité et volatilité sont les qualificatifs qu’on peut leur attribuer. Après avoir accru leur gains après l’annonce de mesures non conventionnelles, ils ont complètement inversé la tendance. Désormais, ils broient du noir. Paris recule de 2.16%, à 3107 points, Le Dax cède 2.07%, à 5873 points. Seul Wall street parvenait à limiter ses pertes, avec un dow qui cède -0.57%, à 12 126 points.