Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), livre son point de vue « allemand » sur le rôle que doit jouer la BCE pour juguler la crise souveraine
A l’instar de Jens Weidmann, le patron de la puissante Bundesbank, M. Noyer a déclaré que racheter massivement des obligations souveraines ne faisait pas partie du mandat de la BCE et comportait des risques à moyen terme pour la stabilité des prix en menaçant la valeur de l'euro. ».
Il s’inscrit ainsi dans la parfaite continuité des propos tenus par M. Weidmann qui a réitéré le veto de l'Allemagne de voir la banque centrale " financer les Etats via la planche à billets ", ajoutant qu' " on ne réussira certainement pas à surmonter la crise de confiance actuelle en violant la loi " européenne. Jens Weidmann s'est aussi opposé fermement à ce que la BCE puisse financer le fonds de soutien européen FESF, ce qui reviendrait également selon lui à monétiser la dette d'Etat, ce qu'interdit le traité européen.
Quant à Christian Noyer, qui s'exprimait lors d'une conférence sur la dette souveraine à Paris, il a affirmé que la confiance ne serait pas renforcée par des mesures qui n'apportent pas de soulagement à long terme, même si ce type de mesures pourrait améliorer la situation à court terme.
« La BCE doit néanmoins poursuivre ses mesures non conventionnelles dès lors que les mécanismes de transmission des politiques monétaires sont menacés », a-t-il insisté.
Pour le gouverneur de la banque de France, la BCE a pleinement joué son rôle de prêteur en dernier ressort avec son programme de rachat d'obligations, dans la mesure où il a permis d'éviter une crise de liquidités des banques.
Admettant que « la complexité de la crise actuelle rend difficile la prise de décision à tous les niveaux », il reconnait « que rétablir la confiance était un processus long et ardu. »
Saluant la décision d'aller vers plus de discipline budgétaire et d'intégration au sein de la zone euro, il s’est dit optimiste quant aux perspectives de rétablissement de la stabilité et de la croissance dans la région.
Le marché obligataire reste sous pression, avec un rendement de la dette française à 10 ans qui grimpe de +1 pt de base à 3,06%, le rendement de la dette à 10 ans italienne grimpe de son coté de +5 pts de base à 6,94%.
En revanche, le rendement de la dette espagnole à 10 ans perd 6 pts de base à 5,26%.