Alors que le Marché parisien est totalement déprimé, Pernod Ricard, lui aussi trinque en ce début d’après-midi. Le titre cède près de 2% à 76,70 euros alors que le groupe français spécialisé dans les vins et spiritueux publiera ce jeudi son chiffre d’affaires du 3eme trimestre 2011/2012.
Et pourtant, Berenberg est venu à la rescousse de Pernod Ricard ce matin, en revalorisant le dossier à 95 euros alors qu’il visait 80 euros jusqu’à présent. Le broker acheteur du titre du groupe tricolore estime que son exposition aux marchés émergents va profiter aux résultats de Pernod Ricard. L’intermédiaire financier insiste toutefois sur l’endettement, un point noir qui est souvent cité par les spécialistes. Mais ce talon d’Achille est à relativiser selon Berenberg puisque Pernod Ricard est a même de générer des liquidités et surtout la visibilité est désormais bien meilleure sur les échéances.
Le groupe prend à bras le corps ce problème et s’évertue à poursuivre ses efforts pour se désendetter. Pour mémoire, le français s’était lourdement endetté à hauteur de 5,626 milliards d'euros pour acquérir en 2008, la marque de vodka Absolut auprès de la société suédoise Vin & Sprit. Mais au final, Pernod Ricard a réussi tant bien que mal à retomber sur ses pattes et parvient désormais à honorer ses échéances financières sans encombre.
Ce désendettement de Pernod Ricard transparaît dans l'évolution du ratio de dette nette/ Ebitda. « Nous étions à 4,4 à la fin juin 2011, nous sommes à 3,9 à fin décembre 2011. Le surstockage a contribué à la baisse de ce ratio, mais sans ce surstockage il serait de 4,1 à fin décembre 2011, soit une baisse de 0,3 points par rapport à la fin juin 2011 » a expliqué Gilles Bogaert. Pernod Ricard a donc relevé son objectif de 'gearing' pour l'exercice 2011-2012... « Notre objectif à fin juin 2012 est d'avoir un ratio proche de 3,9 » a précisé le directeur général adjoint du groupe lors de la Conférence de présentation des comptes semestriels de Pernod Ricard. La botte secrète du groupe ? Il préserve ses marges notamment en appliquant une hausse de ses tarifs sur ses marchés les plus dynamiques, Chine en tête. Pernod Ricard a récemment présenté un cognac Martell commercialisé 2 500 euros le beau- flacon !
Ainsi, ce positionnement pris sur les marchés « haut-de-gamme »assure au français une position défensive et lui permet d’amortir les contre performances des marchés matures dont la croissance sur ces terrains est relativement modeste… En parlant de marchés matures, l’Europe et tout particulièrement la France donne du fil à retordre à Pernod Ricard. Le groupe présidé par Pierre Pringuet avait indiqué en février à l’occasion de la publication des résultats semestriels du groupe, que la consommation d'alcool de spiritueux se trouvait déjà déprimée dans l'Hexagone par les augmentations de prix consécutifs au durcissement des taxes. La hausse a atteint de 1,10 euro à 1,20 euro pour une bouteille d'apéritif à de 70 cl à 40%, et « près de 2 euro pour une bouteille d'un litre de pastis à 45 ° » a-t-il précisé. Désormais, la société table sur un marché français en recul de 7% à 8% pour cette année 2012.
Le caractère défensif du dossier se ressent dans sa valorisation. Une résistance qui a un prix, Pernod Ricard se paie à savoir plus de 3,5 fois son chiffre d’affaires estimé pour 2012 ou encore plus de 17 fois son résultat net attendu pour l’exercice en cours. Avec la tempête qui avait sévi sur les marchés l’été dernier, le titre Pernod Ricard était retombé jusqu’à 56 euros en septembre dernier pour ensuite rebondir et reprendre plus de 46% depuis le mois d’octobre 2011. Belle performance et surtout belle revanche ...
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