Tandis que la croissance dans les pays émergents montre des signes de ralentissement, le secteur des biens de consommation, qui tire l'essentiel de sa croissance dans ces pays, se doit de trouver de nouveaux relais de croissance. Certains acteurs misent alors sur le marché du bébé, un marché en pleine croissance en France et… dans les pays émergents
'est ainsi que Nestlé et Danone, les deux géants de l'industrie agroalimentaire se sont disputés ces dernières semaines le rachat de la branche Nutrition infantile de Pfizer. Pour plus de 11 milliards de dollars, c'est Nestlé qui a récupéré le bébé dont le chiffre d'affaires 2012 est estimé à 2.4 milliards de dollars. Longtemps intéressé, Danone n'a pas souhaité s'aligner sur le prix de Nestlé qui valorise la branche à 5 fois son chiffre d'affaires et environ 20 fois son EBITDA. Le cours de Danone a d'ailleurs bien réagi suite à cette annonce, les analystes craignant que cette acquisition fasse exploser l'endettement de la société. Les investisseurs ont encore en tête la douloureuse acquisition en 2008 de Numico, le leader européen de la nutrition infantile, à prix fort (5 fois le chiffre d'affaires et 23 fois l'EBITDA).
Mais si cette opération peut paraitre cher payée pour Nestlé, le géant suisse s'est quand même félicité de cette acquisition dans la nutrition infantile, une catégorie « de haute valeur ». Avec ce rachat, Nestlé se hisse à la troisième place du marché des laits pour bébé, segment des produits alimentaires présentant la plus forte croissance, derrière Mead Johnson et Danone. Ce marché progresse de 8% par an et réalise quelque 60% de ses ventes en Asie, 30% en Europe, principalement en Grande-Bretagne, et quelque 10% en Amérique latine. Environ 85% des ventes de Pfizer Nutrition sont réalisées dans les pays émergents à forte croissance, dont 25% pour la seule Chine. En Chine, le marché des aliments pour bébés pèse quelque 6 milliards de dollars USD par an et devrait doubler d'ici 2016. Battu, mais pas abattu, Danone a d'ailleurs vite réagi et prévoit maintenant de relever sa participation dans le fabricant de lait fermenté japonais Yakult, de 20% actuellement à 28%.
Il n'y a pas que dans l'agroalimentaire qu'on s'intéresse aujourd'hui au marché du bébé. En effet, le géant mondial des cosmétiques L'Oréal aurait dans son viseur Cadum, la célèbre marque pour jeunes enfants. Fondée en 1907, la marque Cadum avait été cédée il y a 9 ans par Colgate-Palmolive, puis acquise par le fonds franco-britannique Milestone en 2007. Neuf ans après avoir quitté le giron de la multinationale Colgate-Palmolive, la marque au bébé rejoindrait à nouveau, si l'opération se concrétise, les rangs d'un grand industriel. Avec cette acquisition, l'Oréal souhaite profiter du dynamisme du marché du bébé en France. Le taux de natalité français a en effet, atteint des niveaux record en 2010 et 2011. Cadum a parfaitement su profité de ce dynamisme et a diversifié son offre pour passer de 4 millions d'euros de ventes en 2003 à 58 millions d'euros aujourd'hui. Mieux, Cadum, numéro 2 français des produits d'hygiène pour bébé, est très peu présent à l'internationale. Avec un géant comme L'Oréal à sa tête, la marque au bébé serait donc prête à conquérir d'autres marchés et notamment les marchés émergents. La société se trouverait valorisée autour de 200 millions d'euros, soit à peine 3,45 fois son chiffre d'affaires. Un niveau qui semble donc très attractif pour l'Oréal, à moins que d'autres candidats, tels les géants américains Unilever et Church&Dwight, ne viennent faire monter les prix.
