Total reste à l’équilibre à 35,56 euros cet après-midi sur le Marché parisien. Les opérateurs n’ont pas l’air de s’enthousiasmer pour le dossier après l’annonce ce matin de la mise en production du champ gazier d'Islay, situé en Mer du Nord, à 440 kilomètres au nord-est d'Aberdeen. Le groupe pétrolier français est opérateur et propriétaire à 100% de ce champ, qui a été découvert mi-2008.
Total précise que ce champ recèle des réserves estimées à près de 17 millions de barils équivalent pétrole (bep) et que le niveau de production prévu de 15.000 bep par jour a déjà été atteint. Le puits d'Islay est connecté à la plateforme d'Alwyn North via des installations sous-marines existantes. Ce projet permettra ainsi de prolonger l'exploitation de ces installations dont Total détient 100%.
Le dernier mois a été rude pour le géant pétrolier tricolore. Le titre avait fait l’objet de lourds dégagements consécutifs de l'accident survenu en Mer du Nord il y a de ça, un mois jour pour jour... Une fuite de gaz est en effet intervenue sur la plate-forme d'Elgin mais à l’époque, le Marché avait craignait un nouvel « Macondo » du nom du site de l'explosion de la plate-forme de BP qui s’était produite deux ans plus tôt. Les finances du pétrolier britannique ont été grandement fragilisées par cette catastrophe. A ce jour, l’addition se monte à une vingtaine de milliards de dollars et pourrait s’alourdir avec de nombreux procès encore en suspens. Pour Total, la situation était moins gravissime mais les opérateurs par excès de prudence n’ont pas manqué de sanctionner brutalement le dossier. La première capitalisation de la place parisienne a été ébranlée après ce sombre épisode pour le groupe de Christophe de Margerie. Les malheurs des uns ont fait le bonheur des autres, des qataris pour être plus exact. Un titre qui a fondu de plus de 16% en un mois, il n’a pas fallu longtemps pour voir le Qatar se lancer dans des emplettes et ainsi pointer à 3% du capital. Depuis le 22 avril dernier, l’émirat à peine plus grand que Corse, est devenu ainsi le troisième actionnaire du pétrolier tricolore derrière les salariés de la compagnie et l'investisseur belge Albert Frère.
Mais en dehors de cet épiphénomène, Total est loin de fléchir malgré un climat économique dégradé. Le groupe français avait publié des comptes annuels 2011 en nette progression avec un résultat net ajusté de 2,725 milliards d’euros, en hausse de 7%, pour des revenus de 47,49 milliards d’euros, en progression de 18%. Avec une forte génération de cash flow, le français peut se permettre de verser un coupon au titre de l'année écoulée de 2,28 euros, ce qui assure un rendement de plus de 6%. La récente désaffection du Marché pour le dossier fait que le groupe se traite dans des ratios plus qu’attractifs avec un PER à 6,50, soit le bas de la fourchette historique. Aussi, la société est valorisée 0,53 fois son chiffre d’affaires estimé pour 2012… ce qui en fait une valeur à la casse. Et pourtant, Total mène une politique d’investissements soutenue alors qu’en parallèle la demande mondiale pour l’or noir est de plus en plus importante. Aussi, les tensions géopolitiques profitent au cours de la première capitalisation boursière de Paris. Son évolution est en effet fortement corrélée aux cours du baril de pétrole. Alors, quel sera le verdict qui tombera vendredi prochain pour Total, le groupe étant sur les tablettes à l’occasion de la publication de ses ventes trimestrielles ?