Jeudi 30 mai

Entretien avec Stéphanie Sutton, Investment director actions US chez Fidelity

MonFinancier.com : Pour commencer, présentez nous le Fonds FF America Fund ? Quel est le montant d'encours du fonds ?

Stéphanie Sutton : L'encours du fonds dépasse les 2,5 milliards de dollars. C'est un fonds qui est investi principalement dans les valeurs américaines mais il arrive qu'on se positionne de temps en temps dans d'autres valeurs qui ont un lien avec les Etats-Unis. FF America Fund est investi dans tout type de taille de valeurs. A titre d'exemple, nous avons entré en portefeuille Microsoft, qui est notre plus grosse position active. Mais on peut se pencher sur d'autres titres moins connus comme Nuance Communications, le développeur de la reconnaissance vocale SIRI d'Apple…

MonFinancier.com : Quelle est votre stratégie d'investissement ?

SS : Notre stratégie d'investissement est très « Fidelity », à savoir une approche bottom-up. Pour sélectionner les actions qui figureront dans notre portefeuille, nous nous basons sur la recherche fondamentale. On recherche les valeurs dont on estime qu'elles présentent un potentiel de valorisation et des catalyseurs à la hausse. On ne se focalise pas que sur la cherté ou non d'un titre.

MonFinancier.com : Les indices américains volent de records en records. Un Dow Jones qu'on a vu sur les 15 500 points, un S&P à plus de 1 600 points. Un petit commentaire….

SS : On pense que la hausse des marchés actions américains s'effectue sur des bases saines. Nous sommes dans une situation bien différente de celle qui a prévalu en 2007. Si on regarde les niveaux de valorisation, nous sommes sur des niveaux de Price Earning Ratio qui sont bien moindres qu'avant la crise. De là à dire qu'on peut gagner un peu plus, c'est trop s'avancer… Les indices ont évolué à la hausse rapidement. Il y a encore des zones d'ombres qui persistent…

MonFinancier.com : Ce mouvement haussier est-il fondé sur des bases saines ou est-ce dû à l'effet « dopant » Fed ?

SS : Cela fait plus d'un an et demi que nous sommes positifs sur l'immobilier, on voit des éléments qui plaident pour un redressement de ce marché sur le plus long terme. La reprise du marché immobilier américain est un des piliers de la reprise des marchés actions. Nous observons en parallèle une résorption du taux de chômage. Mis à part l'Etat qui continue de mettre de l'argent dans l'économie, les entreprises mais aussi les individus se sont désendettés. La crise immobilière a tellement été intense qu'elle a permis d'assainir par la suite les bases du marché immobilier. Contrairement à l'Europe, les prix se sont effondrés. Pour le consommateur américain, arrêter de s'endetter à outrance a été dur à accepter. Mais il y a eu un réel changement des mentalités qui s'est opéré après la crise des subprimes. On observe également une rotation sur les actifs, les investisseurs se désintéressent du marché obligataire, lassés des faibles rendements offerts pour se tourner vers les marchés actions, plus rémunérateurs, mais aussi plus risqués…

MonFinancier.com : Sans surprise, Ben Bernanke n'est pas partisan d'un sevrage. Il a estimé devant le Congrès «américain qu'un « resserrement prématuré de la politique monétaire comporterait des risques… » D'autres officiels souhaitent au contraire fermer le robinet des liquidités… Au final, qu'en pensez-vous ?

SS : Si on regarde en tant qu'observateur des marchés américains, la Fed, contrairement à la BCE, prête une plus grande attention à ce qu'il se passe sur les marchés actions. On pense que la Fed ne va pas se lancer dans un sevrage brutal. C'est clair qu'à un moment donné, la Fed sera contrainte de couper les robinets. Mais comment vont-ils communiquer cela ? On pense qu'ils vont le faire avec la manière douce, pour qu'au final, l'effet soit le plus neutre possible sur les marchés…

MonFinancier.com : Et du côté des sociétés ? Quel bilan peut-on dresser de cette première saison des trimestriels ?

SS : Les sociétés américaines, ont pour la plupart, publié des comptes de bonne facture. Elles générèrent des bons bénéfices, elles ont des bilans solides grâce à une politique de désendettement, comme on a pu l'observer avec les ménages. Nous estimons que la situation est bien meilleure qu'avant la crise de 2008.

MonFinancier.com : Pourquoi les Etats-Unis fascinent toujours autant ?

SS : Le marché américain reste fascinant, avec des entreprises innovantes, leaders sur leurs marchés respectifs. Si on regarde le top 10 des entreprises les plus innovantes, on retrouve 8 entreprises américaines dans ce classement à l'instar d'Apple ou bien des « biotechs ». Le gaz de schiste est aussi une thématique intéressante, la dynamique de la dépendance énergétique est en train de basculer. Il y a plein de positif sur cette zone Nord Américaine qu'on peut étendre jusqu'au Canada et au Mexique.

MonFinancier.com : Quels sont les autres secteurs, qui d'après vous, méritent qu'on s'y penche d'un peu plus près ?

SS :Malgré tout ce positif qui entoure les Etats-Unis, on préfère opter pour la prudence. Dans ce contexte, on garde un biais défensif. Le secteur dans lequel on voit beaucoup d'opportunités, c'est celui de la santé. Si on regarde ce qu'il s'est passé l'an dernier, le secteur de la santé a sousperformé, sur fond de craintes sur les réformes de santé. Il y a donc des valeurs dans lesquelles piocher. Cela va des laboratoires pharmaceutiques comme Pfizer, Merck, qui vont profiter du générique, aux distributeurs pharmaceutiques comme McKesson. Les « biotechs » sont également intéressantes comme Gilead Sciences. C'est un leader dans la découverte, le développement et la commercialisation de médicaments innovants dans des domaines thérapeutiques pauvres en traitement comme l'hépatite C ou le SIDA. On voit donc qu'il y a encore du potentiel sur le plus long terme concernant ce secteur de la santé…

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