PME et IA, une révolution en veille, par Ilan Free, ECM Analyst chez EuroLand Corporate
L’intelligence artificielle (IA) fait l’objet de toutes les attentions dans les discours économiques, mais son adoption par les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises reste timide.
Selon l’étude de Bpifrance Le Lab publiée le 4 juin 2025, si les dirigeants perçoivent son potentiel transformateur, ils peinent à passer à l’action. Manque de temps, de compétences, de ressources et d’exemples concrets : autant de freins qui maintiennent cette révolution technologique en suspens, malgré une prise de conscience croissante.
Une adoption hésitante face à une nécessité reconnue
Selon l’étude, 58 % des dirigeants interrogés considèrent l’IA comme « une question de survie » pour leur compétitivité dans les trois à cinq prochaines années. Pourtant, 57 % d’entre eux n’ont pas encore défini de stratégie pour l’intégrer à leurs processus. Ce décalage souligne une tension désormais bien connue : l’IA est identifiée comme une priorité, mais reste peu traduite en plans concrets.
Plusieurs dirigeants expliquent leur attentisme par l’absence de cas d’usage probants dans leur secteur. Faute de repères ou de retours d’expérience, beaucoup préfèrent temporiser, dans l’attente de solutions plus éprouvées ou plus accessibles. Le résultat est une adoption lente, en décalage croissant avec les discours dominants sur l’urgence d’agir.
Des freins humains, organisationnels et techniques
Les obstacles à l’adoption de l’IA restent nombreux. Environ 27 % des dirigeants expriment un scepticisme persistant, nourri par des craintes sur l’impact social ou organisationnel de ces technologies. À cela s’ajoutent des difficultés structurelles : 26 % des entreprises souhaitant initier une démarche IA se heurtent à un déficit de compétences internes, souvent aggravé par une tension sur le recrutement des profils techniques.
Même parmi les 43 % d’entreprises ayant défini une stratégie IA, beaucoup reconnaissent ne pas exploiter efficacement leurs données. Or, cette maîtrise constitue une étape préalable essentielle au déploiement d’outils intelligents. Faible culture de la donnée, maturité numérique incomplète, manque de temps ou de moyens… autant de facteurs qui freinent une dynamique pourtant jugée indispensable.
Un impact potentiel fort pour les sociétés, notamment cotées
Pour les sociétés déjà cotées, ou en passe de le devenir, l’enjeu dépasse la simple modernisation. L’intégration réussie de solutions d’IA peut générer des gains de productivité significatifs, par l’automatisation des tâches répétitives, l’optimisation des flux logistiques ou l’amélioration de la relation client. Ces effets se traduisent directement en marges accrues, réduction des délais et renforcement de l’agilité opérationnelle.
Sur le plan stratégique, l’IA ouvre également la voie à une meilleure exploitation des données internes, à une analyse prédictive plus fine, et à une capacité accrue à anticiper les besoins du marché. Pour les sociétés cotées, cela peut se traduire par une création de valeur visible, une meilleure lisibilité du projet industriel, et in fine une attractivité renforcée auprès des investisseurs.
À l’inverse, le non-recours à ces technologies fait peser un risque d’obsolescence accélérée dans des secteurs déjà fortement concurrentiels. L’IA n’est plus seulement un enjeu d’efficacité, c’est aussi un critère de lecture stratégique pour les marchés financiers.
Un risque de décrochage à moyen terme
Malgré ces freins, des signaux de mobilisation apparaissent. Une minorité d’entreprises a engagé une réflexion stratégique, amorcé des projets ou exploré des outils intégrant de l’IA. Mais pour l’heure, la majorité reste en retrait, au risque de prendre du retard face à des concurrents plus avancés, en particulier à l’international.
La BPI souligne l’importance d’un accompagnement renforcé : sans soutien à la formation, sans accès simplifié aux financements, sans partage de cas d’usage concrets, le potentiel de l’IA restera inaccessible pour une part importante du tissu entrepreneurial français. L’enjeu est désormais clair : transformer une intuition stratégique en déploiement opérationnel.
Conclusion
L’étude de Bpifrance Le Lab met au jour un paradoxe structurant : l’IA est jugée incontournable, mais reste peu mise en œuvre. Pour que cette révolution en veille devienne une réalité économique, il faudra lever les freins humains, techniques et culturels qui pèsent encore sur les entreprises. Faute de quoi, c’est moins l’IA qui attendra les PME, que les PME qui risquent de manquer le virage.
EuroLand Corporate, premier Listing Sponsor du marché Euronext Growth Paris, accompagne plus de 60 sociétés cotées, dont 37 en qualité de Listing Sponsor, dans leur stratégie de structuration et d’optimisation de leur communication financière.
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