Les marchés : +1,3% pour le CAC
Excellente séance pour le CAC ! La Bourse de Paris profite aujourd’hui du recul des tensions sur la dette. Le CAC 40 progresse de 1,31% à 7 427 points, surpassant les autres indices européens. C’est sa meilleure séance depuis mi-novembre. Ce rebond s’inscrit dans un contexte de détente obligataire, le rendement à 10 ans recule à 2,88%, tandis que le spread avec l’Allemagne chute à 75 points de base, après avoir culminé à 88 en début de semaine.
Cette détente s’explique en partie par les déclarations de Marine Le Pen, laissant entrevoir une issue rapide au blocage budgétaire, et par la volonté d’Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre rapidement après la motion de censure. Sur la semaine, le CAC gagne 1,3%. Retrouvez ici les niveaux techniques à surveiller pour les prochaines séances.
Côté américain, Wall Street évolue en hausse grâce aux données sur l’emploi américain. Les créations de postes aux États-Unis ont atteint 227 000 en novembre, dépassant les attentes. Ce rebond, après un mois d’octobre perturbé par des ouragans, rassure sur la santé économique tout en maintenant la perspective d’une baisse des taux d’intérêt le 18 décembre.
Le taux de chômage remonte légèrement à 4,2% (contre 4,1% en octobre), signe d’un ralentissement progressif du marché du travail. Cette dynamique conforte les attentes d’un geste monétaire de la Fed, avec une probabilité estimée par le marché à 87% pour une nouvelle baisse des taux dans une douzaine de jours.
Les valeurs : Les valeurs du luxe, Airbus et Innate Pharma
Les valeurs du luxe
C’est une chanson que l’on commence à bien connaître… Une nouvelle fois, les espoirs de plan de relance en Chine profitent aux fleurons du luxe, malmenés en Bourse depuis le début de l’année. Kering signe de loin la meilleure performance du CAC ce soir, +5,96%, suivie par LVMH (+3,48%), Hermès (+3,24%) et L'Oréal (+2,22%). De nouvelles mesures de relance économique en Chine sont attendues lors d'une conférence stratégique prévue la semaine prochaine. L’optimisme des investisseurs s’appuie sur l’effet d’entraînement des indices chinois, comme le CSI 300, qui a grimpé de 1,3% ce vendredi.
Des annonces sur des objectifs économiques pour 2025 et d’éventuelles réductions du ratio de réserves obligatoires par la banque centrale chinoise nourrissent ces anticipations. Cependant, cette dynamique masque une réalité plus terne : la demande chinoise pour les produits de luxe reste fragile. En 2024, les ventes liées à cette clientèle devraient reculer de 3% selon HSBC, avec une baisse attendue de 17% sur le marché continental. Si un rebond de 2% est espéré en 2025, il sera insuffisant pour inverser la tendance. Pour l’instant, le marché du luxe profite de l’espoir chinois. Mais entre fragilité structurelle et dépendance au marché asiatique, l’euphorie de ce vendredi pourrait s’avérer éphémère.
Airbus
C’est le sprint final pour Airbus. À chaque fin d’année, le groupe joue la montre. En novembre, le géant de l’aéronautique a livré 84 appareils, un chiffre en ligne avec les attentes et en nette hausse par rapport à octobre (+30% sur un an). Pourtant, le défi reste colossal. Pour atteindre son objectif de 770 livraisons en 2024, Airbus devra livrer 127 avions en décembre, un bond de 13% par rapport à la même période de 2023. Ce scénario n’est pas inédit. En 2017 et 2018, Airbus avait déjà atteint un tel niveau, et son record absolu date de 2019 avec 138 livraisons en un mois.
Mais cette année, les tensions sur la chaîne d’approvisionnement (moteurs, aérostructures et équipements intérieurs) compliquent l’équation. La société, qui avait dû réviser à la baisse son objectif annuel en juin, compte néanmoins sur un coup de pouce de Safran et General Electric, via leur coentreprise CFM, pour intensifier la cadence. Pour les investisseurs, la fin d’année sera cruciale. Les livraisons conditionnent directement les rentrées de trésorerie d’Airbus, un indicateur clé de sa santé financière. Si le groupe reste optimiste, il n’aura pas le droit à l’erreur pour finir l’année en beauté. Ce soir, l’action gagne 1,06% à 155,16€ (+11% en 2024).
Innate Pharma
La biotech française, éligible au PEA-PME, gagne 8,81% ce vendredi, à 1,48€, portée par un partenariat stratégique. Le groupe vient en effet de conclure un accord avec l’Institut américain d’innovation pour le lymphome folliculaire (IFLI) afin de financer l’essai clinique de l’un de ses traitements prometteurs.
L’IFLI investira 3 millions de dollars via une augmentation de capital réservée, au prix de 1,56€ par action, représentant 2,26% du capital d’Innate Pharma. Ce soutien pourrait être prolongé jusqu’à 4,9 millions de dollars supplémentaires, sous réserve de l'atteinte de certaines étapes clés. La levée de fonds renforce la capacité d’Innate à explorer le potentiel de son traitement et relance l’intérêt des investisseurs pour ses innovations en cancérologie. Le titre perd toutefois 45% depuis le début de l'année.
Le monde d'après : Google prévoit la météo
Google frappe fort dans la météorologie avec GenCast, un modèle d'intelligence artificielle capable de prévoir le temps sur 15 jours avec une précision inégalée. Développé par DeepMind, son laboratoire d'IA basé à Londres, ce modèle a surpassé le Centre européen de prévisions météorologiques dans plus de 97% des cas étudiés. Une prouesse qui, selon Google, pourrait sauver des vies face à la recrudescence des catastrophes climatiques.
GenCast se distingue par sa rapidité : il produit des prévisions en seulement huit minutes, contre plusieurs heures pour les modèles actuels. Entraîné sur 40 ans de données météorologiques, il repose sur des algorithmes qui apprennent les lois physiques de manière autonome, sans équations préalables. Cependant, cette avancée a ses limites. Plusieurs experts soulignent que ces modèles nécessitent une immense quantité de données et des semaines de calcul pour se perfectionner sur des superordinateurs.
Si GenCast marque une étape clé, la véritable révolution de l'IA en météorologie a débuté bien avant. Avec des tests déjà en cours dans des régions comme les Alpes, l'avenir des prévisions s'annonce plus rapide et précis, mais encore perfectible. L’intelligence artificielle, loin de remplacer les approches classiques, s’impose comme un allié puissant pour mieux anticiper un climat de plus en plus imprévisible.
Le lexique : Le spread obligataire
Le spread obligataire France-Allemagne désigne l'écart entre les taux d'intérêt des obligations souveraines à 10 ans des deux pays. Cet indicateur reflète la perception du risque par les investisseurs : plus le spread est élevé, plus la France est jugée risquée par rapport à l'Allemagne, considérée comme LA référence de stabilité dans la zone euro. Il est influencé par des facteurs économiques (déficit, dette, croissance) et politiques (instabilité gouvernementale, réformes).