Les marchés : Une fin de semaine sous pression
Après une semaine mouvementée, le CAC 40 termine sur une note stable, à l’équilibre depuis lundi matin. Un statu quo qui contraste avec la forte volatilité observée ces derniers jours. Cette dernière séance a été particulièrement agitée, plombée par un rapport sur l'emploi aux États-Unis plus faible qu'attendu et des incertitudes persistantes sur les droits de douane américains. Résultat, le CAC clôture ce soir en perte de 0,94% à 8 121 points. Les indices boursiers mondiaux ont globalement basculé dans le rouge cet après-midi.
On décrypte le rapport mensuel sur l’emploi dans la rubrique le résultat du vendredi. Outre-Atlantique, la tendance reste fragile. Le S&P 500 et le Nasdaq reculent encore de 0,8%, confirmant l’essoufflement du marché américain.
Les valeurs : Les valeurs du luxe, Vivendi et Figeac Aero
Les valeurs du luxe
Les géants français du luxe continuent de lester le CAC. Kering (-3,9%), LVMH (-2,8%), Hermès (-2,5%) et L’Oréal (-1,7%) sont aujourd’hui encore plombés par les incertitudes sur la croissance économique mondiale. En cause, les politiques douanières de Donald Trump qui ravivent les craintes inflationnistes et pourraient retarder les baisses de taux de la Fed. Au niveau européen, Burberry (-6,4%) et Richemont (-5%) souffrent aussi.
Les investisseurs revoient actuellement leurs anticipations sur le secteur, d’autant que pour ne rien arranger, la Chine ne rassure pas vraiment. Sa consommation intérieure est à la traîne et ses importations ont reculé de plus de 8% le mois dernier. C’est un coup dur pour le secteur du luxe, très dépendant de la Chine et qui comptait sur un rebond du géant asiatique. Le luxe, souvent habitué aux sommets, doit désormais composer avec un horizon plus nuageux.
Vivendi
Vivendi termine la séance en fanfare, avec un bond de 3,91% à 2,95€, malgré des résultats en demi-teinte pour 2024. Si le chiffre d’affaires recule de 4,9% à 297 millions d’euros, et que le résultat net plonge à -6 milliards d’euros (contre +405 millions en 2023), les investisseurs saluent l’amélioration de la rentabilité opérationnelle (voir lexique).
Le groupe réduit en effet sa perte d’exploitation (-1 million contre -33 millions en 2023), grâce à Gameloft (jeux vidéos) et à la hausse de la quote-part de son ex-filiale Universal Music Group. Le résultat net ajusté, plus représentatif, affiche un bénéfice de 111 millions d’euros. L’énorme perte comptable s’explique par les cessions de Canal+, Hachette et Havas, qui pèsent à hauteur de 5,9 milliards d’euros. Mais le marché, lui, préfère voir le verre à moitié plein. Depuis le début de l’année, le titre gagne plus de 15% (-65% sur un an).
Figeac Aero
L’équipementier aéronautique éligible au PEA-PME gagne 2,7% à 9,88€ ce vendredi, porté par les rumeurs d’un possible rachat par un groupe indien. La société a confirmé des discussions préliminaires avec un acheteur potentiel, sans qu’aucun accord ne soit encore en vue. Spécialiste de la fabrication de pièces métalliques de haute précision pour l’aéronautique civile et militaire, Figeac Aero est un acteur clé du secteur, avec des clients majeurs comme Airbus, Boeing ou Safran.
L’entreprise bénéficie du rebond du trafic aérien et de la hausse des cadences de production, mais reste sous pression après plusieurs années marquées par la crise du Covid. Le marché reste attentif à l’évolution de ces négociations, qui pourraient changer la donne pour le groupe. Pour l’heure, son titre gagne 65% depuis le début de l’année.
Le résultat du vendredi : 151 000 jobs
Le rapport mensuel sur l’emploi américain était comme toujours très attendu. Il estime à 151 000 les créations d’emplois aux États-Unis en février, un résultat en dessous des attentes (160 000), mais loin de la catastrophe redoutée. Le taux de chômage grimpe légèrement à 4,1%, et la croissance des salaires reste modérée à 4% sur un an. Verdict des marchés ? Un soulagement mesuré, mais pas d’euphorie.
Les investisseurs scrutaient ce rapport avec nervosité, sur fond d’inquiétudes économiques et d’un climat politique explosif. La politique commerciale erratique de Trump, entre menaces contre la Russie et sursis douaniers avec le Canada et le Mexique, ajoute de l’incertitude. Aujourd’hui, Trump “envisage fortement” des sanctions bancaires et des droits de douane contre la Russie. Résultat, les marchés restent sous pression.
La Fed, elle, garde le cap. Une à trois baisses de taux sont toujours anticipées cette année, et Jerome Powell pourrait clarifier la position de la Banque centrale ce soir, à l’occasion d’une prise de parole. D’ici là, les traders restent fébriles. Quant aux investisseurs de long terme ? Prudence, diversification... et patience sont les maîtres mots !
Le lexique : La rentabilité opérationnelle
La rentabilité opérationnelle mesure la capacité d’une entreprise à générer du profit à partir de son activité courante, avant prise en compte des éléments financiers et exceptionnels. Elle est souvent évaluée via des indicateurs comme l'EBIT (résultat d’exploitation) ou l'EBITA (résultat opérationnel ajusté). Plus elle est élevée, plus l’entreprise transforme efficacement son chiffre d’affaires en bénéfices.