Après avoir reçu Justin Bieber la semaine dernière, Emmanuel Macron a organisé une cérémonie grandiose pour un évènement historique...
L'évènement?
L'arrivée en France d'une centaine de traders de la banque américaine JP Morgan.
Oui.
Vous avez bien lu.
Une centaine de traders...
Cet évènement "historique" est selon lui, le signe annonciateur d'un évènement majeur dans la finance mondiale...
Cela fait 40 ans que je suis dans la finance.
Et cela fait 40 ans que, chaque année, la France annonce qu'elle va devenir la première place financière d'Europe.
40 ans que les Présidents ou les ministres des finances successifs nous expliquent que cette fois-ci c'est la bonne.
On vous le jure.
L'autre fois, on s'est ratés, mais là c'est bon.
On va devenir numéro 1.
...ce fantasme plutôt touchant.
Cette course me paraissait même louable.
Mais je trouve aujourd'hui pathétique qu'un Président de la République, surtout un Président de la République qui a travaillé dans la finance, puisse déclarer comme Macron hier : "C'est le début d'une histoire. Paris va devenir la première place financière d'Europe".
..."historique" qui a provoqué cette envolée lyrique ?
Le fait que JP Morgan promette de franchir le seuil, tenez-vous bien... de 800 salariés sur le sol français.
Wow.
800 salariés.
Rappelons que JP Morgan avait déjà ce nombre de salariés en France dans les années 70.
Rappelons que JP Morgan n'est pas tout à fait une banque américaine comme les autres puisque, comme elle se plaît à le répéter, elle s'est installée en France à la fin du XIXème siècle avant même la création de nombreuses banques françaises actuelles.
Elle a même financé la guerre malheureuse de Napoléon III en 1870.
...il y a toujours un évènement qui allait nous permettre de devenir numéro un.
Cette fois, l'évènement c'est bien évidemment le Brexit.
Le Brexit qui devait provoquer un "exode" de financiers.
Et la mort de la City.
Un exode de financiers qui allaient tous arriver à Paris, leur premier choix de loin.
Si vous étiez sur les côtes françaises pour attendre le débarquement vous avez du être déçus.
À peine 8 000 personnes ont quitté la City qui emploie des centaines de milliers de personnes.
Et une petite proportion a choisi la France.
Paris se situe dans les 20 premières places des classements des places financières.
Juste devant ... Milan.
Mais loin derrière les leaders mondiaux New York, Londres, Shanghai.
Devant nous en Europe, Londres bien sûr mais aussi Francfort, Zurich, Genève, Luxembourg...
ce n'est pas par plaisir de faire du French bashing.
Non.
Au contraire, j'aurais rêvé que Paris entre dans la L1 des places financières et dispute la ligue internationale des Champions au lieu de se traîner parmi les relégables de la L2.
Seulement voilà il y a des raisons pour lesquelles Paris ne sera jamais la première place financière d'Europe et restera toujours une place financière régionale.
L'excès de règlementation.
L'excès de taxation, on n'a jamais vu de places financières majeures chez un champion mondial de la fiscalité.
Mais au-delà de tout le rapport à l'argent du pays.
Comment se développer dans un pays où un Président déclare que "mon ennemi c'est la finance", où les manifestations ciblent régulièrement les agences bancaires et où la richesse est détestée.
Notre ADN est incompatible avec la finance.
Alors, il faut arrêter de raconter des contes de fées, se contenter d'être une belle place financière régionale.
Ou changer les mentalités...et ça ce n'est pas pour demain.
QUOI DE NEUF ?
Les négociations pour le taux minimum d'imposition mondial ont commencé.
Et certains pays résistent.
Des paradis fiscaux comme l'Irlande, la Suisse ou encore la Barbade mais aussi la Chine et l'Inde qui n'aiment pas trop l'idée d'obéir aux États-Unis.
Les États-Unis veulent aller vite.
Ils visent un deal au G20 de Venise le mois prochain.
Comme le dit un des négociateurs, si nous n'obtenons pas un accord avant ce G20, il faudra attendre encore 20 ans pour y parvenir.
...de la Banque des Réglements Internationaux est inquiet.
Pour les pays émergents.
Surtout les plus petits.
Ils sont au bout des mesures qu'ils peuvent adopter pour contrer les effets de la crise sanitaire.
Contrairement aux grands blocs, les politiques laxistes des banques centrales provoquent une explosion de l'inflation et un effondrement de leur monnaie.
Une catastrophe pour des pays surendettés en dollars...
Cocorico.
La France va connaître une saison touristique record.
Les Échos nous l'annoncent en première page.
Tant mieux.
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